Magazine

Innover pour se déplacer sans (se) tuer: un défi de taille pour le Grand Nouméa

Publié le 19 juillet 2010 par Servefa

Ce blog ralentit inexorablement sa course, les évènements de la vie personnelle, l'approche du retour et le besoin inhérent de se faire discret, une baisse certaine de la motivation pour compléter cet espace - une necéssité naturelle, je crois, de prendre du recul, de cesser les proses logorhéiques pour laisser place au détachement, sont autant de facteurs qui me conduisent à lâcher peu à peu cette page d'expression. Pourtant, j'ai en tête une bonne ribambelle d'articles, de réflexions et de coups de gueule (qui ne manquent pas à la lecture de la presse locale, à la prise de connaissance des projets, ou à l'écoute des émissions télé ou radio des hommes politiques calédoniens). J'ai même quelques brouillons griffonés qui attendent de prendre corps en de véritables billets publiables. Je continue bien-sûr à lire de nombreuses réflexions sur l'urbanisme, la mobilité, les mutations de la société et à essayer de faire le pont avec mes observations dans le Grand Nouméa ou plus généralement en Nouvelle-Calédonie. Par exemple, en lisant ce super article de Marzloff (LE penseur français de l'approche communicationnelle 2.0 des mobilités dans la ville), j'ai été charmé, entre autre, car tout l'article vaut la peine d'être lu, de préférence à la suite du précédent sur la transmobilité, par ce passage:

"Désastre, car nous ne savons maîtriser l'inflation des mouvements et que nous en subissons les peines (nous invitons entre autres à la lecture d'une abondante rubrique hebdomadaire que le célèbre blog américain Streetblog tient depuis plus deux ans,The Weekly Carnage,ou comment la société accepte ses morts sur l'autel de la motorisation. Nous n'avons rien à envier aux sacrifices rituels des Mayas)."Du coup ça m"a donné envie d'aller voir la rubrique de Streetblog et je me suis dit que ça serait une approche pertinente en Nouvelle-Calédonie: combien de morts sur les routes par incapacité d'organiser d'autres modes de déplacements ? Peut-être une nouvelle rubrique pour ce blog ? J'imagine vos réactions liées souvent à l'inconscience des conducteurs, à leurs goûts pour l'alcool, et cela me ramène à une autre pensée, de l'urbaniste québécois Richard Bergeron Le livre noir de l'automobile. Il y écrit que le problème dans l'alcool au volant, ce n'est pas l'alcool, c'est le volant. En effet depuis quand les hommes ne se saoulent pas le samedi soir et depuis quand les jeunes hommes de 20 ans (et plus) sont-ils vraiment responsables ? La sécurité des déplacements apparaît ainsi au centre des réflexions d'aménagement.

L'enjeu est de taille: comment concevoir une ville (voire un pays) qui puisse proposer des modes alternatifs de transport aux jeunes de 20 ans, et plus, pour qu'ils puissent faire la fête sans tuer ? Cette conception est autrement plus complexe que toutes les approches passées qui s'appuient sur des réflexions assez simples de traitement des flux de circulation du monomode automobile.Les travaux intellectuels de Amar , Greenfield ou Marzloff apparaissent ici indispensable pour dépasser l'évidence du lien objet-mode et penser l'hybridation aux tonalités d'une économie de fonctionnalité .  Car se déplacer mieux ne se résument plus bêtement à construire des échangeurs et agrandir les routes comme le pensent trop souvent élus et citoyens mais à augmenter le champ des potentialités de l'usager afin qu'il puisse utiliser sa perspicacité et ses meilleurs outils à augmenter son champ de mobilité. Cela passe par les services de type auto-partage ou vélo-partage, par des réseaux de transports collectifs intelligents (avec informations aux voyageurs en temps réel et sur smartphones et offres élargies de service), par la création d'infrastructures offrant sécurité et confort pour les modes actifs, etc.

Evidemment, il va sans dire que ces aspirations sont à des année-lumières de la situation du Grand Nouméa tout entière voué à l'automobile avec des bus irréguliers, lents, chers, des cheminements piétons et cycles dangereux ou inexistants, les smartphones n'existent que pour flamber au volant de son 4x4 et une économie toute entière construite sur la possession plutôt que sur la fonctionnalité. Dans le Grand Nouméa, le champ des potentialités se réduit à l'unité. Deux drapeaux, une multitude d'ethnies, mais une seule façon de se déplacer: la bagnole, signe identitaire calédonien ? Mais tout autant texan, varois ou stambouliote. Pour l'originalité, on repassera. Vivement (après ?) demain !

« Aucun problème ne peut être résolu sans changer l’état d’esprit qui l’a engendré » Albert Einstein

François


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Servefa 42 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte