Cette phrase n'est pas de moi. C'est ce que Monica Medina, la commissaire américaine à la CBI, a déclaré lors d'une audience à la Chambre des représentants des Etats-Unis (l'équivalent américain de l'Assemblée nationale). Cette audience a eu lieu le 6 mai 2010 et avait pour thème le "leadership des Etats-Unis à la Commission baleinière internationale". Les discussions portaient particulièrement sur la proposition du président de la CBI, Cristian Maquieira, principal enjeu de la 62e réunion plainière de la CBI.
Un enregistrement vidéo et une transcription de l'audience peuvent être trouvés sur le site de la Chambre des représentants des Etats-Unis (ici). La phrase de Mme Medina est en réponse à une question sur les quotas que le Japon se verrait octroyer dans l'océan Austral dans la proposition de Maquieira. Voici le passage en question (avec traduction entre parenthèses) :
Ms. MEDINA. The numbers in the southern ocean that we are talking about in the chair’s proposal, which again we haven’t agreed to yet, we don’t think it is acceptable, are below sustainable. Well below.
(Les nombres pour l'océan Austral dont nous parlons dans la proposition du président [de la CBI], et qui n'ont pas encore été acceptés, nous ne pensons pas que ce soit acceptable, sont bien en dessous de ce qui serait durable. Bien en dessous.)
Mr. FLAKE. How much? Can you give me some idea?
(A quel point ? Pouvez-vous me donner une idée ?)
Ms. MEDINA. I think by a lot. I mean, there could be thousands harvested sustainably in the southern ocean.
(Je pense de beaucoup. Je veux dire que des milliers [de rorquals de Minke antarctiques] pourraient être capturés durablement dans l'océan Austral.)
Monica Medina explique ensuite que les Etats-Unis s'opposent à ces quotas car il y a un sanctuaire baleinier dans cette partie du monde, mais elle oublie de préciser que ledit sanctuaire est une mesure temporaire (de la même façon que le fameux "moratoire") et que le Japon a fait objection à ce sanctuaire en ce qui concerne les rorquals de Minke antarctiques (Balaenoptera bonaerensis). Rappelons également que la chasse scientifique est également exempte de toutes mesures de conservations adoptées par la CBI (article 8 de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine).
Au sujet des programmes de recherche japonais, il est d'ailleurs intéressant de citer ce que David A. Balton, du Bureau des océans et des affaires environnementales et scientifiques internationales du Département d'État des États-Unis, quelques lignes plus bas :
Mr. FLAKE. And if asked, what do they say, in terms of the sci- entific justification for taking so many whales? What is the stock answer there?
(Et lorsqu'on leur demande, que [les Japonais] répondent-ils, en termes de justification scientifique pour capturer tant de baleines ? Quelle est la réponse classique ?)
Ambassador BALTON. Japan does perform scientific research on the whales they take, and probably have the best whale science as a result. But it is also true that the products of the research have been sold on the open market.
(Le Japon effectue de la recherche scientifique sur les baleines qu'ils prennent, et ont probablement la meilleure connaissance scientifique sur les cétacés de ce fait. Il est toutefois également vrai que les produits de la recherche ont été vendus sur le marché ouvert.)
Oui, vous avez bien lu : Le Japon fait bien de la recherche sur les cétacés et est même à la pointe dans ce domaine !!
La deuxième partie de la réponse de M. Balton ne précise pas que "toute baleine capturée dans le cadre de ces permis spéciaux devra autant que faire se peut, être exploitée et les produits ainsi obtenus devront être traités conformément aux directives émises par le gouvernement signataire qui a accordé le permis", comme précisé dans l'article 8 de la Convention.
Ce qui est le plus important, c'est que même les représentants d'un pays opposé à la chasse à la baleine (sauf celle de ces communautés indigènes d'Alaska), reconnaissent que la chasse baleinière peut être conduite de façon durable dans l'océan Austral et que le Japon conduit effectivement des recherches scientifiques.
Il ne reste plus qu'à ce pays à être honnête lors des réunions de la CBI et d'informer sa situation sur la réalitié de la chasse à la baleine.