ALIEN, LE 8EME PASSAGER de Ridley Scott

Par Djswan23

ALIEN, LE 8EME PASSAGER de Ridley Scott
Titre original : Alien
Genre : Horreur / SF
Durée : 116mn
Acteurs : Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Harry Dean Stanton, John Hurt, Veronica Cartwright

Résumé : Près d’un vaisseau spatial échoué sur une lointaine planète, des Terriens en mission découvrent de bien étranges oeufs. Ils en ramènent un à bord, ignorant qu’ils viennent d’introduire parmi eux un huitième passager particulièrement féroce et meurtrier.

Avis : 10/10
Il y a des films qui marquent l’histoire. Ceux pour lesquels on sait tout de suite que rien ne sera jamais plus comme avant. Ces films, qu’on a coutume de dire « cultes », sont, et c’est normal, très rares. Après la sortie du remarqué Les Duellistes, Ridley Scott peut être confiant. Mais rien ne pouvait décemment le préparer au raz-de-marée Alien. Deux ans après l’année bénie 1977, date à laquelle le premier épisode de la saga Star Wars déboulait sur les écrans, la SF prend un autre visage. Alien, Le Huitième Passager totalisera 3 millions d’entrées en France et rapportera plus de 8 fois sa mise peu après sa sortie…
Ce qui, en pré-production, se destinait à n’être qu’un film de monstre de série B s’est transformé, avec l’arrivée de Ridley Scott sur le projet, en la plus formidable franchise du cinéma fantastique. Les talents conjugués des scénaristes, de Scott, de Giger, des acteurs et de Jerry Goldsmith tirent la production vers des sommets. Alien fait date. Rares sont les films fantastiques qui atteignent ce degré de qualité.
Le scénario possède plusieurs niveaux de lecture : la peur du noir et de l’inconnu propre à chacun de nous, la découverte et la traque du monstre protéiforme dans ce lieu clos, la révélation des individus dans des conditions extrêmes et la coexistence entre Eros et Thanatos au sein même de la créature.
Mais son point de vue prend aussi et surtout le contre-pied des deux succès récents au moment de sa sortie : 2001, l’Odyssée de l’espace et La Guerre des Etoiles. A la froide propreté de l’esthétique de 2001, l’Odyssée de l’espace, il oppose son univers sombre et sale. A la précision mathématique du film de Kubrick, il place ses personnages face à une mort inéluctable mais opportuniste dans son schéma d’éradication systématique. Enfin, à la naissance d’une nouvelle humanité, Alien n’offre qu’un sursis face à une menace qui la dépasse. Si le mal est extérieur à l’homme dans le film de Lucas, au point qu’il se pare d’un costume soustrayant le corps au regard, c’est du cœur même de notre organisme que surgit la pulsion destructrice, la bête, l’alien. L’immédiate identification du « coté obscur de la force » est remplacée dans Alien par un monstre à la forme parasitaire évolutive dont le stade final disparaît dans les recoins du vaisseau spatial grâce à une formidable capacité de mimétisme.
Le film apporte aussi un éclairage nouveau à la science fiction en lui adjoignant de l’horreur gothique. Gothique qui s’exprime aussi bien dans la conception du Nostromo, que Scott voulait semblable à une cathédrale, que dans le monstre lui-même (sans négliger le formidable travail de conceptualisation de Giger), évolution terrifiante et paroxysmique des gargouilles de ces mêmes édifices.
L’une des recettes miracles de ce chef d’oeuvre, c’est le malin mix qu’opère Ridley Scott : allier épouvante brutale et science-fiction dans un huis-clos presque théâtrale… une idée de génie. Outre l’excellence de l’armada de directeurs artistiques ayant bossé sur les décors, la palme de l’horreur revient sans doute à l’artiste H. R. Giger, superviseur des effets visuels et créateur de l’Alien. Le casting est également spectaculaire, à commencer par Sigourney Weaver absolument saisissante dans la dernière demi-heure. Alien, Le Huitième Passager est un film culte en ce sens qu’il n’a pas pris une ride. Il demeure l’un des plus angoissants, des plus étouffants et des plus dark films de SF.