Chloé – Diva

Sorti le mois dernier, le nouvel album de Chloé, One In Other, a fait grand bruit, aussi bien dans le microcosme de la musique électronique que dans le milieu de la musique disons plus « traditionnelle ». Second essai solo après le fantastique The Waiting Room (2007), One In Other semble être l’album de la maturité (expression commune et facile d’utilisation mais qui résume plutôt bien le travail de la d’moizelle). The Waiting Room avait déjà surpris plus d’un fan, qui découvrait la DJette sous un nouveau (le vrai !) jour. Pudique, musicalement ouverte, naviguant dans un univers sombre aux confins de la techno, de l’ambient, du rock et de la new wave, Chloé dévoilait un nouveau visage, assez loin de celui de la (simple) pousseuse de disques du défunt Pulp. Car ne l’oublions pas, Chloé Thévenin a fait partie de l’équipage responsable du coup de pied au cul donné à la nuit parisienne dans les années 2000 avec sa famille Kill The DJ (Ivan Smagghe, Jennifer Cardini…)

On dit que la famille forge notre caractère, façonne notre façon d’être et est responsable (en quelques sorte) de nos actions. Cet adage (qui n’en est pas un) s’applique tout à fait à Chloé. En rejoignant le clan Kill The DJ, elle s’est affirmée, se permettant de prendre la mode actuelle du « beat grossier » à contre-pied, en proposant une vision plus personnelle voire introspective de la dance music, tout en continuant à emmener les clubbers (lors de ses DJ sets) aux confins d’une techno minimale titubante et d’une house sensuelle pleine d’émotions.

Avec ses deux albums, Chloé a pris des risques. Celui de ne pas retrouver son public déjà conquis par ses sets mémorables, et celui de passer pour une prétentieuse DJette qui s’aventure dans des contrées musicales qu’elle ne contrôle pas. Mais Chloé n’a pas le culte de la démesure. Ses ambitions sont plutôt modérées, même si la qualité de ses productions peuvent lui permettre de s’affirmer comme une des artistes électroniques françaises les plus talentueuses.

One in Other est un disque crépusculaire, qui laisse subsister quelques rayons de soleil dans sa noirceur quasi constante. Eclectique ? Oui. Expérimental ? Plutôt oui. Foncièrement électronique ? Pas tout à fait. Entre guitares folk ou électriques, voix suave et délicieusement exquise, Chloé ne laisse que très peu de place à l’attribut techno qui lui colle à la peau, avec juste deux morceaux, préférant flirter avec l’ambient ou le folk. L’ensemble est obscur et lancinant, mais la productrice a évité le piège de l’album dépressif, en proposant à l’auditeur une vision ni (mi ?) pessimiste ni (mi ?) optimiste de la musique électronique actuelle.

Diva est pour moi la synthèse de ce constat. Une loooooooongue piste vacillante de 9 minutes à la rythmique indécise mais entêtante qui captive de bout en bout et qui nous guide dans les méandres mystiques de la productrice. Une intro sublime et intrigante coupée dans son élan par un interlude sonnant comme une descente abyssale. Puis la rythmique refait surface et s’accélère en laissant place aux longues plages vocales et contemplatives symbolisées par le chant quasi lyrique de la diva. Car oui Chloé, VOUS êtes une diva…

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