Au large de la Louisiane, le pétrole s’échappe toujours … Alors que, après 90 jours de pollution ininterrompue, le géant pétrolier britannique BP se réjouissait ce week-end d’en avoir fini avec les écoulements de pétrole brut dans le Golfe du Mexique, les autorités américaines ont annoncé dimanche qu’une nouvelle fuite souterraine avait été détectée aux abords du puit endommagé.
La catastrophe se poursuit dans le Golfe du Mexique
Il y a une semaine, la pose d’un nouveau dôme de confinement avait suscité l’espoir d’endiguer durablement l’écoulement de matière toxique. Rappelons que les experts estiment que ce sont 35 à 60 000 barils qui se déversent chaque jour au large des côtes américaines, soit plus de 700 millions de litres déversés si l’on prend la fourchette haute.
La comparaison n’est plus à faire avec la catastrophe de l’Exxon Valdez, mais avec celle de l’Ixtoc 1, plateforme off-shore qui avait déversé près de 600 millions de litres de brut dans le Golfe du Mexique en 1979… Ixtoc 1 est considérée comme la deuxième plus grande fuite de pétrole de l’histoire (après celles de l’Irak en 1991).
Si BP dit poursuivre ses tests, le gouvernement américain a demandé à l’entreprise de le tenir informé sur la nouvelle fuite et les anomalies constatées autour du puits défectueux.
Face à cette situation, Greenpeace agit : l’Arctic Sunrise, l’un de ses navires fait route en ce moment même vers le Golfe du Mexique, pour une mission de trois mois afin d’étudier et de fournir des données précises sur l’impact environnemental de la catastrophe.
Pourquoi s’arrêter là quand il y a l’Arctique ?
La catastrophe de Deepwater Horizon révèle douloureusement notre dépendance au pétrole. Face à l’épuisement des ressources pétrolières, l’extraction du pétrole des sables bitumineux d’Alberta et les forages en eaux profondes (à plus de 500 mètres de profondeur) se multiplient. De nouveaux moyens d’extraction, toujours plus polluants et risqués, qui sont aujourd’hui devenus la norme !
Si les évènements récents dans le Golfe du Mexique ont prouvé que le risque zéro n’existe pas, les pétroliers continuent d’adopter une politique de court-terme quelques soient les risques encourus, projetant de forer sous l’Arctique. Quand on sait que l’Arctique contiendrait 13 % des nouvelles réserves de pétrole mondiales, on mesure l’ampleur du risque…
Or, une marée noire en Arctique serait strictement incontrôlable: le pétrole serait coincé sous la glace, et causerait des dommages environnementaux irréparables. De plus, la station des garde-côtes la plus proche est à 1 800 km et les villages locaux manquent cruellement d’installations portuaires ou d’aéroports, nécessaires pour accueillir les structures de secours.
L’Arctique est un milieu très particulier, méconnu et fragile. Les conséquences d’une explosion sur la flore et la faune sont très mal évaluées et auraient un impact sur les habitudes alimentaires et culturelles des populations locales les Inuits.
Nous devons sortir des énergies fossiles !
Le XXIe siècle ne peut et ne doit pas être celui du pétrole: en plus d’être synonyme de pollutions colossales, le pétrole est une énergie fortement émettrice de CO2. Afin d’éviter les pires conséquences du dérèglement climatique, nous devons inverser la courbe des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2015.
Les gouvernements du monde entier sont aujourd’hui à la croisée des chemins : ils doivent choisir entre la recherche de pétrole à tout prix – off-shore en Louisiane, sables bitumineux en Alberta, forage en Arctique – et le développement massif des économies d’énergie et des filières renouvelables, permettant un avenir sûr aux générations futures.
Greenpeace demande un moratoire sur l’extraction pétrolière off-shore profonde, et plus largement l’abandon du recours aux énergies fossiles.
En savoir plus :
Le rapport [R]évolution énergétique
Sur le pétrole non conventionel : les sables bitumineux