Mardi escapade à Venise sur France2 pour un épisode de Commissaire Brunetti. Ce n’est pas terrible il est vrai mais le calme de l’inspecteur et le ronron de ses enquêtes ne risque pas de m’énerver avant d’aller me coucher ; quand la télé joue le rôle de somnifère ou d’anxiolytique avec succès on peut s’interroger sur les effets inverses qu’elle est capable de déclencher.
Mercredi et jeudi la flemme combinée à la chaleur me cloue devant TF1 et la série Esprits criminels puis sur M6 pour Bones, série criminelle elle aussi. Léger avantage à TF1 – le patron de l’équipe du FBI me fait penser à François Fillon allez savoir pourquoi - mais j’ai franchement honte de regarder de telles mièvreries, d’un autre côté vous noterez
mon honnêteté car j’aurais pu écrire que je n’avais pas allumé le poste ces jours-là !Vendredi soir sur France2 un thriller de Jean-Pierre Mocky de l’année, Colère. Une brochette d’acteurs connus et sympathiques, Robin Renucci, Michèle Bernier, Rufus etc. Comme toujours avec Mocky le propos est assez lourdingue, bourré de situations grotesques (le notaire couche avec sa mère, le curé vit avec sa maîtresse) et d’acteurs avec des tronches choisies. Même si ce n’est pas inoubliable, au moins ça nous changeait des programmes habituels.
Dimanche après-midi, j’accompagne sur France2 les coureurs du Tour de France pendant les derniers kilomètres de l’étape de montagne qui les mène à Ax. Le soleil éclabousse les lacets qui serpentent au milieu des spectateurs massés sur le bord de la route, les vues prises de l’hélicoptère nous montrent ces petites fourmis multicolores qui se hissent tant bien que mal vers le sommet alors que les images venant des motos nous révèlent des hommes minces parés de couleurs chatoyantes cramponnés pour les plus mal en point, délicatement accouplés à leur machine pour les plus fringants, les cuisses luisantes par l’effort comme deux pistons qui propulsent ces jeunes gars vers un rêve puéril en fait, endosser un t-shirt jaune et faire la bise à une pin-up locale. Le drame se joue sur la route autant que derrière le micro où Laurent Fignon, la voix rauque et chevrotante par un effet pervers de son traitement anti-cancer, et son compère journaliste se chamaillent sur les tactiques adoptées par les cadors du Tour. Cette chevauchée cycliste ne pouvait être suivie que par le film diffusé le soir par ARTE, un road-movie de 1969 en Harley Davidson sur les routes de l’Ouest
Américain, Easy Rider avec Peter Fonda, Jack Nicholson et Denis Hopper aussi réalisateur. Je ne reviens pas sur le décès récent de Hooper, ni même sur ce film culte, le terme est souvent galvaudé mais là il a toute sa légitimité.Une semaine télévisée assez terne qui se termine néanmoins en beauté en ce dimanche, avec de la sueur, du sang et des larmes, des espaces et du vent dans nos cheveux (pour ceux qui en ont encore), tous les éléments des plus belles tragédies.