Le sommet du G20, à Toronto, n'aura pas redonner espoir. Le cycle de Doha ne se concrétisera pas de sitôt. Barack Obama a rejeté les dernières propositions en négociation au motif qu'elles nuisent à la compétitivité des entreprises américaines. Parmi les dirigeants économiques est même né un certain désabusement. Il faut dire que la situation reste bloquée depuis plus de quatre ans. En juillet 2006, Pascal Lamy, directeur-général de l'OMC, considérait déjà que les négociations de Doha étaient un échec. Retour sur ce qui bloque les choses.
Article publié pour la première fois le 22/07/2008
Les poids lourds de l’économie mondiale sont montés sur le ring, hier à Genève, pour tenter de trouver un compromis sur la question des droits de douane et des subventions agricoles. D’un côté, les pays développés (Union européenne, Etats-Unis et Japon) souhaitent que les pays en développement baissent leurs droits de douane sur les produits industriels. De l’autre, les pays émergents (Inde, Chine et Brésil en tête) attendent une baisse des subventions agricoles dans les pays riches permettant de positionner leurs productions sur un pied d’égalité.
Mais depuis sept ans, le combat entre les deux blocs se poursuit sans que les deux parties n’aboutissent à un accord. Hier, les 152 états membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont remontés sur le ring pour tenter de trouver enfin un accord. En ouverture des discussions, l’Union Européenne a fait un geste en proposant de réduire de 60 % ses droits de douane sur les produits agricoles.
Des intérêts trop opposés
Pour autant, ce signe n’a pas convaincu le Brésil. "Il ne s’agit pas d’une concession, mais de la conséquence des négociations", a commenté Roberto Azevedo, l’un des principaux négociateurs du Brésil. L’approche des élections américaines donne un caractère ultime à cette réunion de Genève qui se trouve dans l’obligation de clore le cycle initié en 2001. Cependant, le contexte mondial de ralentissement économique et de hausse des cours agricoles n’est pas des plus idéal pour conclure les débats.
Avec la crise, le retour du protectionnisme guette
De leur côté, les Etats-Unis en remettent une couche en appelant les pays en développement à ouvrir davantage leurs marchés. "Pour que ce cycle soit bénéfique au développement (...) nous sommes conscients de devoir nous assurer un accès significatif aux marchés agricoles, industriels et tertiaires. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne les intérêts des pays en développement", a déclaré la représentante des Etats-Unis à l'OMC, Susan Schwab. Mais, en contrepartie, Washington se dit prêt à réduire les subventions à son propre secteur agricole en guise de contribution aux négociations, a-t-elle annoncé lors d'une conférence de presse. Cela suffira-t-il à trouver un accord ?