Le débat prend chaque jour un peu plus d’ampleur chez les développeurs entre les partisans des applications natives et les aficionados des Web Apps : ces sites internet qui s’adaptent à tel ou tel terminal mobile et auxquels on accède via un navigateur.
La question du développement de véritables Web Apps se posait encore assez peu il y a quelques années : les Smartphones n’étaient pas encore légions, HTML5 en était encore à ces balbutiements et il était difficile d’offrir une expérience utilisateur probante via un navigateur mobile première génération. Souvenez-vous des premières versions du monde.fr par exemple dans lesquelles il était fort peu aisée de naviguer. La lecture des articles s’apparentait, elle, à un doux calvaire. On parlait alors de sites optimisés, ou l’art de concentrer l’affichage d’un site prévu pour un 17 pouces sur un écran de 4 cm.
Toujours ces dernières années, l’AppStore a offert une nouvelle façon d’accéder et de consommer des contenus multimédia : une icône sur un bureau, on clique et c’est parti. Ca à l’air tout bête dit comme cela mais ça change tout. Si je prends mon cas, j’observe que je fais une utilisation extrêmement réduite de Safari mobile qui est pourtant bien pensé, à la différence d’autres navigateurs sur Smartphones. Accéder à un site, même optimisé pour mon iPhone ne me vient pas immédiatement à l’esprit alors qu’il est si simple de télécharger une application sur l’Appstore, d’y accéder en un clic et de jouir d’une expérience utilisateur pensée en fonction de cet appareil. Je ne souhaite pas faire de mon cas une généralité mais je pense que peu de personnes utilisent intensivement Safari sur leur iPhone. Il y a bien sur une manipulation qui permet de faire glisser sur son bureau une icône correspondant à un site mobile, mais qui s’en sert ?
Donc voilà globalement comment se déroulaient les choses jusqu’à présent : on se servait d’un navigateur depuis son PC ou son Mac et d’applications natives depuis son téléphone.
Seulement, la donne change, les acteurs et les terminaux se multiplient. RIM a fait une belle percée sur le secteur du grand public, Android progresse fortement et Apple se maintient très bien. De petits « anciens-nouveaux » arrivent sur le marché comme Samsung avec Bada, sans même parler de Nokia et Microsoft. Ajoutons à cela l’arrivée de produits hybrides comme l’iPad, à mi-chemin entre téléphone et ordinateur, capables de faire tourner des applications natives mais qui offrent également une expérience du web « traditionnel » tout à fait convaincante.
Le langage HTML 5, quant à lui, s’enrichit de jours en jours laissant entrevoir de belles perspectives même si, à l’heure actuelle, il est toujours en gestation et qu’il n’est pas « officialisé » (le sera t’il un jour d’ailleurs ?)
Confrontés à ce panorama épars, les producteurs de contenus sont naturellement tentés de se tourner vers le développement de Web Apps: un code unifié, modifiable à foison, accepté par toutes les plate-formes. Notons également que des frameworks open source source orientés mobile commencent à montrer le bout de leur nez, comme iWebKit ou JQTouch. Sur le papier, les Web Apps présent donc des avantages : c’est moins cher, plus rapide et plus facile à coder.Dit comme cela, tout paraît simple et évident mais il nous semble néanmoins que les Web Apps sont, pour l’instant, à réserver à des projets simples (affichage de news, mini-sites événementiels…) et qu’il faudra encore s’orienter vers des applications pour proposer des services ciblés offrant à l’utilisateur une expérience riche. La technologie HTML 5, même si elle permet de plus en plus de développements, n’est ni finalisée, ni standardisée et ne s’approche pas encore des fonctionnalités offertes par un SDK.
Ajoutons à cela qu’il n’est pas évident de coder et de concevoir une Web App qui offre la même expérience utilisateur sur une multitude de terminaux. C’est pourquoi nous nous efforçons de conseiller à nos clients souhaitant mettre en place des services ambitieux mobiles de se concentrer d’abord sur des applications iPhone parfaitement réalisées plutôt que sur des Web App cross-systèmes qui décevront peut-être, quitte à adapter par la suite la solution à d’autres systèmes. Mieux vaut une application iPhone téléchargée 5000 fois et qui serve plutôt qu’une Web App consultée 100 000 fois mais rapidement boudée. Encore une fois, il faut se concentrer sur les usages et mener des études en amont plutôt que de céder à une facilité de surface qui aboutira possiblement à un échec.
Le débat n’est bien sur pas figé : les technologies, les marchés évoluent vite. Le développeur de contenus doit faire preuve de pragmatisme et s’adapter en permanence, en fonction de la maturité des outils existants et des projets à mener.
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