(celui qui se souvient de ses vies antérieures)
Tel est le sous titre de ce film thaïlandais, primé à Cannes avec directement la Palme d’Or. Et on faisait toute confiance à Tim Burton et son jury pour nous avoir sorti une Palme d’exception, dans une compétition avec quelques bonnes surprises. Malheureusement, Tim n’est pas en grande forme dernièrement, et sa Palme nous rappelle douloureusement qu’il ne suffit pas d’offrir un prix, aussi prestigieux soit il, à un film pour qu’il soit bon.
Et l’Oncle Boonmee étonne. On aurait cru avoir affaire à un film classique, comptant les errances quotidiennes de cet apiculteur thaïlandais condamné par la maladie, et qui va subitement se découvrir des vies antérieurs, et toute un monde onirique à portée d’oeil. Tonton Boonmee va bientôt passer de l’autre côté, et c’est un monde magique qui s’ouvre à lui, entre créatures des bois, fantômes et vies antérieures. Le réalisateur, reconnu et déjà passé par Cannes, noie son poisson dans un capharnaüm de séquences immobiles, plans fixes et sans mouvement, comme une lente torpeur reflétant la jungle alentours, entre obscurité et immobilisme. Il faudra donc plonger dans la noire épaisseur de son récit pour y distinguer un quelconque intérêt.
Le fait est qu’Oncle Boonmee n’est pas l’illumination attendue venant du plus grand festival de cinéma au monde. Nauséeux et lancinant, le film n’est que la lente agonie d’un homme, qu’on découvre mourant, avec d’amples explications médicales sur sa condition, puis de longues minutes d’observations de phénomènes paranormaux indéfinissables. Dans tout ça, on ne distinguera pas grand chose, sauf peut être un ennui mortel dans le déroulement de l’histoire, redondante à souhait, et rallongée par d’interminables séquences où rien ne se passe. La volonté de nous emmener dans le récit est freinée par l’absence de réalisation, succession de plans fixes sans réelles inspirations. C’est sur le générique de fin qu’on pousse un grand soupir de soulagement, après presque deux heures de torture psychologique qu’on aurait pu éviter si l’étiquette de Palme d’Or n’était pas passée par là. Décidément, Tim Burton enchaîne les faux pas. Sauf qu’ici, il était aidé.