Christophe Riblon est l’homme à tout faire du cyclisme français. Il répond toujours présent lorsque l’équipe de France sur piste a besoin de ses services, soit pour une lointaine Coupe du monde soit, pour des Championnats du monde. Il fut d’ailleurs deux fois vice-champion du monde de course aux points ...
Il poursuit son activité sur la route ne rechignant jamais lorsqu’il faut disputer les courses les plus dures. Son palmarès n’est pas très fourni, mais c’est un volontaire, un teigneux, un courageux. Sur la route d’Ax 3 Domaines, celle de la première grande étape du massif pyrénéen, il s'est lancé en compagnie de huit autres coureurs dans une folle équipée. Chacun attendait un nouvel épisode du duel Contador-Schleck, mais Christophe Riblon n’en avait cure. Il a joué sa carte personnelle. Il aime le massif pyrénéen qui lui a déjà permis d’obtenir des satisfactions l’an dernier dans le Tour (6ème à Andorre-Arcalis et à Saint-Gaudens). Dans la difficile montée du Port de Pailheres, un col magnifique, il a distancé un à un tous ses compagnons d’échappée. Il est passé en tête du sommet et a entamé à vive allure une descente éprouvante très technique au cours de laquelle il est difficile lorsqu’on entre dans un virage de savoir comment on va en sortir tant le dessin est compliqué. Riblon a continué son effort sans se soucier de ce qui se passait derrière lui. Il a maintenu l’écart avec ses poursuivants immédiats et a apporté à sa formation AG 2R sa première victoire d’étape et la quatrième pour le cyclisme national après celles de Sylvain Chavanel et celle de Sandy Casar. Le cyclisme national au début de ce Tour de France n’avait pas prévu de telles performances.
Certes Riblon a profité de l’attitude non belliqueuse du duo Contador-Schleck qui a même tourné un moment au ridicule. Contador a bien tenté un démarrage, mais Schleck a bondi dans sa roue. Ensuite, les deux premiers du classement général se sont neutralisés. Ils se sont tellement neutralisés qu’ils ont même été décrochés du groupe auquel ils appartenaient. Menchov et Samuel Sanchez en ont profité pour leur prendre quinze secondes. Mais quelle triste image de les voir en pleine ascension faire presque du sur place. Schleck, refusant pour respecter une consigne, de mener et Contador ralentissant le plus possible pour contraindre son adversaire à assurer le train.
Pourquoi ont-ils agi ainsi ?
Incontestablement, ils se sont rendus compte qu’ils étaient très proches l’un de l’autre, qu’ils avaient sensiblement la même valeur. L’un voulait bien attaquer, mais l’autre suivait aussitôt. Finalement, ils ont eu peur l’un de l’autre. Ils ont eu peur en attaquant avec violence de se faire aussitôt contrer. Schleck l’a reconnu après l’arrivée mais il a aussi ajoutér qu’il lui faudra trouver une solution pour se débarrasser de l’emprise de Contador car il est bien conscient que les 31 secondes qu’il possède au classement général sont insuffisantes pour assurer la victoire finale à Paris, dimanche prochain.
Alors des grandes manœuvres pour l’étape suivante, celle de Bagnères-de-Luchon ? Pourquoi pas. Il faudra bien qu’un jour ou l’autre le meilleur se dégage...
Jean-Paul Brouchon