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Harlequinade 2010, c'est parti !
Et voici le premier épisode de votre saga de l'été "Amours et plantain"
Ce matin là, Sophie se réveilla bien avant Marc. Elle regarda son fiancé dormir, l’homme avec qui elle allait sceller son union dans deux mois. Marc avait insisté pour un mariage digne d’un conte de fée dans un château avec beaucoup d’invités. Car Marc était à la tête d’une grosse entreprise spécialisée dans la finance. Conformément au souhait de son père, il avait repris le flambeau familial. Sophie était issue d’un milieu modeste et se sentait gênée par tout ce faste. Ils s’étaient rencontrés il y a trois ans lors d’un séminaire. Sophie était auditrice financière et sans attache amoureuse. Pour Marc, ce fut le coup de foudre immédiat. Agé de 27 ans, beau garçon, il affichait de nombreuses conquêtes féminines, relations éphémères qui ne duraient jamais plus de deux mois. Sophie s’était engagée prudemment dans leur couple et au bout d’une année de nuits passées chez l’un ou chez l’autre, ils décidèrent d’aménager ensemble.
Malgré ses 25 ans, Sophie paraissait plus mûre et plus responsable que Marc. La question du choix d’un logement avait suscité bien des débats entre eux. Marc voulait acheter un appartement de grand standing alors que Sophie voulait quelques chose de moins tape à l’œil. Marc étant né avec une cuillère en argent dans la bouche, il se souciait peu de l’argent, denrée qui semblait inépuisable dans sa famille (eh oui…l’égalité à la naissance est un peu biaisée).
Sophie avait un rapport très important à rendre. Ces derniers mois, elle avait fourni une charge de travail considérable et elle était très fatiguée. Marc aurait voulu qu’elle démission mais pour elle il en était hors de question. Elle voulait garder son indépendance financière. Marc avait proposé qu’elle aille passer quelques jours dans un des chalets que sa famille possédait. Elle avait accepté. Après tout, quelques jours à la campagne ne lui feraient pas de mal et elle pourrait se consacrer à la rédaction de son rapport en bénéficiant du grand air pur.
Tandis qu’elle prenait sa douche, Marc avait quitté les bras de Morphée. A travers la porte en verre de la salle de bain, il voyait le corps de Sophie : svelte, gracieux. Il l’admirait pour son physique, sa personnalité, il lui vouait une passion démesurée. Jaloux, il ne supportait pas que d’autres hommes puissent poser le regard sur elle. Il ne voulait pas monter ce défaut mais Sophie voyait ses sourcils se froncer, sa mâchoire se serrer dès qu’ils étaient en présence d’autres hommes. Il la voulait pour lui tout seul. Le fait que Sophie veille garder son travail le tourmentait. Bien qu’étant sûr des sentiments de Sophie, sa jalousie l’empêchait de vire sereinement son amour.
Sophie sortit de la salle de bains enveloppée dans un peignoir. Ses longs cheveux bruns aux reflets roux (les brunes ne comptent pas pour des prunes dixit Lio), et bouclés lui caressaient le dos. Marc en en était tout excité (la couette aurait pu en témoigner):
-Un câlin avant de partir, ma chérie ?
-Oh Marc, je voudrais arriver assez tôt au chalet pour me reposer un peu.
-Mais tu vas me manquer… Huit jours c’est long, trop long pour ton futur mari.
-Tu ne vas pas en mourir et dis toi qu’à part mon ordinateur, mon dossier, je ne verrais pas grand'chose. Y a t'il des voisins à proximité ?
-Oh non, le chalet se situe dans un bois… A ma connaissance, il y a une maison pas trop loin mais elle est inhabitée depuis plusieurs années.
Pour une fois, Sophie délaissa ses tailleurs et prit des jeans, des shorts et des tenues légères.
-N’oublie pas de prendre un maillot de bain car il y a un lac et tu pourras t’y baigner.
Cette idée enchanta Sophie, ça lui rappellerait son enfance et les vacances passées chez ses grands-parents à la montagne.
Ils s’embrassèrent longuement (avec la langue car pour Marc c’était l’occasion de vérifier les plombages des molaires) puis Sophie prit la route.
Elle ne fit qu’une courte pause pour déjeuner et arriva à la nuit tombée devant le chalet. Elle fut surprise ! Elle qui s’attendait à voir une adorable petite maison en bois se retrouva devant une luxueuse villa. Mais où était passée la famille Ingalls ?
A la place, un couple l’accueillit :
-Bonjour, nous vous attendions. Votre fiancé nous a demandé de préparer la maison. Nous avons fait des courses ainsi que le ménage. Notre numéro de téléphone est sur la table du salon. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous nous appelez, nous habitons au village.
-Merci mais il ne fallait pas vous donner tant de mal.
En posant son sac, Sophie vit que la maison regorgeait de bouquets de roses rouges. Elle était touchée par les attentions de Marc toujours si prévenant. Elle lui amena un texto : je t’aime mon amour (et un smiley)
Un léger repas était déjà préparé ( cassoulet, fromage, trou normand, bavarois). Mais, elle picora juste un peu et alla se coucher, éreintée par la route.
Le lendemain, elle se réveilla avec les oiseaux qui chantaient. La chambre spacieuse, équipée d’une télé dernier cri, était baignée dans une lumière douce.
Elle regarda sa sacoche qui contenait le dossier et après avoir avalé un café elle se mit au travail. Elle prit son déjeuner sur la terrasse. Le cadre était magnifique, des arbres à perte de vue et il n’y avait aucun bruit. Elle s’accorda une petite sieste mais elle fut interrompue par des bruits lourds et répétés. Intriguée, elle décida d’aller voir ce qui se passait. Elle emprunta un petit chemin qui menait à la cabane au fond du jardin de Cabrel ? Que nenni ! Non, à une clairière.
Se cachant derrière un arbre, elle vit un homme qui coupait du bois en rondins.
Chères lectrices, la scène qui suit peut amener des palpitations aussi si vous êtes cardiaque, veuillez vérifier votre pacemaker ou vous munir du numéro du SAMU.L’auteur décline toute responsabilité en cas de malaise ou pire…
Vêtu d’un vieux jean, il était torse nu et à chacun de ses mouvements, ses muscles saillaient sous sa peau brunie par le soleil. Il posa sa hache pour se désaltérer (note de l’auteur : toute ressemblance avec une publicité pour une marque de boisson gazeuse n’est nullement fortuite ou hasardeuse). Sophie était troublée par cet homme. Il était grand, brun, possédait un regard ténébreux et un visage qui dégageait de la force et de la douceur. Elle resta l’observer, elle n’arrivait pas à détacher son regard de son torse comme si celui-ci était aimanté. Après quelques minutes, elle reprit ses esprits et rentra à la villa. Elle se sentit honteuse de son comportement, elle qui allait se marier bientôt avait pris du plaisir à regarder cet homme ( vilaine fifille).
Elle se replongea dans son dossier mais déconcentrée, elle ne pensait qu’à cet inconnu…
Pour se changer les idées, elle enfila son maillot de bain pour aller piquer une tête dans le lac. L’eau était un peu froide mais elle avait toujours aimé nager.
Le soir, elle eut du mal à s’endormir. Son esprit était occupé non pas par Marc ou son futur mariage, mais par la vision de cet homme.
A son réveil, elle eut envie d’aller se promener un peu. Sophie se prépara une collation ( comme on le dit quand on est bien élevé et non un sandwich pain-pâté),elle prit un sac à dos et partit dans le bois. C’était une belle journée ensoleillée et elle savourait ces instants. Au bout de deux heures, le chemin était plus difficile mais rien ne gâchait son plaisir. Distraite à observer un oiseau, elle ne vit pas un caillou. Elle trébucha et tomba en contrebas du chemin. Sa cheville lui faisait mal, ses genoux étaient égratignés. Lorsqu’elle tenta de se remette debout, elle poussa un cri de douleur. Elle avait dû se tordre la cheville et elle était incapable de marcher. Elle réussit à attraper son sac à dos. Hélas, aucun réseau pour son téléphone portable (merci Orange !). Deux heures s’étaient écoulées et Sophie commençait à paniquer. Elle avait beau appeler à l’aide, les arbres lui renvoyaient juste son écho.
Fatiguée, elle s’assoupit lorsqu’elle entendit une voix grave (à la Barry White) lui dire :
-Ne vous inquiétez pas, je vais vous aider.
L’inconnu était devant elle ! Sa voix laissait transparaitre un accent américain.
-Vous êtes tombée ?
Sophie hocha juste la tête en guise de réponse. Il rigola et son large sourire découvrit des dents parfaitement alignées et blanches (note de l’auteur : tout rapport avec une publicité pour les dentifrices est volontaire).
-Vous avez mal quelque part ?
-Oui, à ma cheville, répondit timidement Sophie.
Il posa sa main juste au dessus de son pied.
-Aïe,oui c’est là que j’ai mal.
-Hum…votre cheville est enflée. Je vais vous appliquer un cataplasme pour vous soulager.
- ???
-Avant, j’étais pharmacien chimiste spécialisé dans les plantes. Du plantain (les constituants du plantain (pectine, aucubine, ampigénine, flavonoïdes, tanins, soufre, calcium, fer, phosphore, mucilage... en font une plante aux très nombreuses indications, utilisable aussi bien en interne qu'en externe) des orties et un peu de terre, et d’ici une demi-heure vous aurez moins mal.
Surprise, Sophie le laisse faire. Et quand il posa les feuilles avec délicatesse, Sophie se sentit très troublée, elle frissonna non pas de froid mais de la douceur de ses mains. Elle aurait voulu que ses mains montent le long de ses jambes, qu’elles les caressent.
-Ca va aller ?
Toute rouge à cause de ses pensées peu catholiques, Sophie acquiesça de la tête.
-Vous n’êtes pas une bavarde. Au fait, moi c’est John, et vous ?
-Sophie.
-Joli prénom… c’est vous qui habitez dans la grande villa.
-Non, il s’agit de la maison de mes beaux–parents… enfin de mes futurs beaux-parents… je suis fiancée.
Zut, trop tard ! Elle avait parlé trop vite. Pourquoi lui avoir dit qu’elle était fiancée ? Triple nouille !
-Votre futur mari a bien de la chance de vous avoir.
A ces mots, Sophie sentit son cœur prêt à exploser.
-Bon, votre cheville est désenflée. Je vais vous aider à marcher.
Collée à John, Sophie feignait encore d’avoir mal (oh, la coquine) pour faire durer ces moments. Elle respirait à pleins poumons son parfum : un mélange de sueur et de testostérones qui lui titillait le ventre.
-On va s’arrêter chez moi pour que vous puissiez vous reposer un peu et je désinfecterai vos égratignures.
A l’entrée du chalet (et cette fois un vrai chalet et non pas une villa de vacances), Sophie se posa sur un banc.
John appela :
-Fanny, on a de la visite !
Fanny. A ce prénom, Sophie se sentie prise d’un vertige mais surtout elle tomba bien fort du haut de ses utopies et de ses fantasmes naissants.
Elle vit une très belle jeune femme blonde portant des lunettes de soleil. Jonh s’avança vers elle pour la guider vers Sophie. Celle ci comprit que Fanny était aveugle. Embarrassée de la situation, elle se contenta de dire un bonjour assez distant. John semblait proche de Fanny mais son regard laissait deviner plus de pitié que d’amour.
John expliqua la situation à Fanny ( je vous épargne de retour la chute et le cataplasme)
-Vous allez restée dîner avec nous, n’est ce pas John chéri ? Vous pourrez dormir ici et demain vous repartirez ?
Au mot « chéri », Sophie sentit son sang se glacer.
-C’est gentil mais je ne veux pas vous déranger.
-Non, et nous n’avons souvent de la visite ! Ca permettra à John d’oublier son rôle de garde malade !
-Arrête Fanny avec tes bêtises !
Il l’embrassa. Par pudeur, Sophie détourna la tête.
La soirée se passa bien même si Sophie essaya de comprendre pourquoi John avait tout quitté du jour au lendemain pour venir s’installer en France.
Après une bonne nuit de sommeil, John raccompagna Sophie à la villa.
-Vous voulez rentrer ?
-Non… et Fanny m’attend.
-Je peux vous poser une question.
Sans attendre de réponse, elle demanda :
-Que lui est –il arrivé ?
Les beaux yeux de John se recouvrirent d’un voile de larmes.
-C’est difficile pour moi d’en parler.
Sophie posa sa msin sur la cuisse (ferme) de John :
-Vous pouvez tout me dire John…
-Oui mais c’est une longue histoire.
Sa voix laissait des trémolos s’échapper. Pauvre John, il avait l’air si malheureux !
-Rentrons John pour en discuter ( la formation « prendre de l’assurance » avait beaucoup apporté à Sophie)
Assis tous les deux sur le sofa blanc en cuir de vachette, John lui raconta la terrible histoire !
Fanny était son assistante et lors d’un essai de mélange de bouse de vaches et de plantes, la préparation avait explosé au visage de Fanny et l’avait rendue aveugle. Eh oui, John avait oublié que la bouse de vache comprenait des bactéries méthanogènes et qu’elle était très riche en azote. Avouons-le, il avait fait l’impasse sur cette partie lors de ses études.
John accablé par les remords et la culpabilité avait décidé de renoncer à la carrière brillante qui s’offrait à lui et au futur Prix Nobel.
Sophie, les larmes aux yeux, lui dit :
-C’est la plus grande preuve d’amour qu’il soit !
-Oui… mais je ne l’aime plus et je me sens redevable envers elle.
-Mais pourquoi rester avec elle ?
-Et vous… pourquoi vous mariez-vous ?
-Je ne vois pas le rapport !
-Je vous ai vu l’autre jour m’observer...vous êtes une très mauvaise espionne, vous savez !
Sophie ne sut pas quoi répondre.
John la regardait, elle sentait son désir et le sien augmentait. Il rapprocha sa tête de celle de Sophie, leurs bouches n’étaient plus qu’à quelques millimètres quand…
-Si je dérange, ne vous gênez pas de le dire !
Marc se tenait dans le hall.
-Marc… mais que fais tu là ?
-Les gardien sont passés hier soir et cette nuit ne te voyant pas rentrer, ils m’ont appelé. J’ai eu peur, j’ai crû qu’il t’était arrivé un accident mais je vois que je me trompe.
- Non Marc ce n’est pas ce que tu crois.
Pris de rage, Marc saisit un vase et le cassa.
- Marc, calme toi.
- Tu comprends pourquoi je veux que tu démissionnes? Tu es à moi et rien qu’à moi !
Sophie fut prise de panique, elle ne l’avait jamais encore vu dans cet état.
-Me calmer ? Alors que tu me trompes dans la maison de mes parents !
Il insista sur « mes parents ».
Ce fut la goutte d’eau pour Sophie :
-Tes parents, leur maison, leur argent !
John s’aventura avec un :
-Sophie, mettez de la glace sur votre cheville, je vais vous laisser.
-Non, vous, vous restez là !
John n’était nullement effrayé. Il se leva et dit :
-Sophie vous venez avec moi, nous allons laisser votre fiancé reprendre ses esprits.
Marc hurla :
-Sophie n’ira nulle part ! Vous m’entendez !
Or Marc ignorait que John conservait sur lui une fiole du dangereux et redoutable mélange bouse de vaches et plantes.
-Laissez-nous Marc. Ne m’obliger pas être violent.
John prit sophie par la main.
Sophie ne savait que faire et surtout aller avec qui. Marc ou John ?
Chères lectrices, si sous voulez que Sophie aille avec John veuillez composer le numéro surtaxé 0 999 99 99 à 3 Euros la seconde .
Si vous décidez le contraire, veuillez effectuer un virement sur le compte bancaire qui vous sera fourni lors de votre demande par mail ( rappel : l'auteur n'accepte plus les chèques à cause des impayés)
Bientôt, la suite "d'Amour et plantain" lors du prochain épisode...