Je me réveille encore étourdi de la soirée BBQ champêtre bien arrosée à regarder la coupe du monde. J’en ai profité pour demander à mes nouveaux amis américains et néerlandais de me couper les cheveux avec de vulgaires ciseaux de bureau. Content du travail de mes collègues et appuyé par leurs sourires de satisfaction, je vais d’un pas chancelant me reposer dans les bras de Morphée. J’ouvre les yeux, oh non! L’horloge me projette en dehors de mon lit a toute vitesse, J’ai à peine le temps d’avaler un café avant de me rendre chez Tiger Trails ou le camion taxi doit partir. J’arrive juste à temps, 8 h 30 pour le départ. On prend les autres clients a leur hôtel et l’on est parti pour 30 minutes sur un chemin de campagne accidenté et poussiéreux vers Ban xieng Lom ou l’éléphant Village est établi au bord de la rivière Nam Khan.
L’endroit est magnifique, l’architecture des bâtiments est un mélange de moderne, de bois précieux et de lao traditionnel. Les aires de repos situé en face de la rivière sont une invitation à un succulent repas avec un superbe panorama sur la rivière et les montagnes environnantes. Le tout préparé au restaurant situé juste à côté.
Ce projet aide à protéger les éléphants et à donner des emplois aux habitants des villages défavorisés des environs. Il offre une demeure confortable, une saine nutrition et un suivi vétérinaire à tous ses résidants. En fait, c’est un bon moyen pour découvrir les éléphants, les montagnes, la faune et la flore du nord du Laos tout en aidant une équipe dévouée à développer des solutions durables pour les pachydermes et les communautés environnantes.
Un « briefing » avant le départ et des panneaux explicatifs nous introduisent à la réalité présente et au passé tumultueux des éléphants du Laos. L’endroit possède 9 éléphants, dont un plus jeune, qu’on peut monter seul après un petit cours de conduite de base. Les gens sont sympathiques et passionnés par leur métier. L’endroit est bien tenu et les éléphants évoluent dans un environnement sur mesure pour leur bien-être. C’est impressionnant de voir de si grosses bêtes dressées à obéir à de si petits humains.
On attend le retour du trekking sur éléphant des autres membres de mon groupe qui dure environ une heure à travers la jungle et se termine par un bain avec les mastodontes dans la rivière.
On prend quelques provisions des bouteilles d’eau et nous sommes prêts pour le Trekk. 30 min de bateau sur la rivière où l’on rencontre des pêcheurs, des gamins qui prennent un bain, des villages aux maisons tressées de bambou et des buffles d’eau qui se rafraichissent. Un vrai voyage dans le passé ancestral loin de notre société de surconsommation.
On arrive enfin au départ de notre trekking. On traverse la principale ville de ce coin de jungle, un minuscule centre-ville où les maisons de paille côtoient les lignes électriques et les antennes de télé satellite dans une parfaite symphonie d’anachronisme.
On parcourt de beaux sentiers pédestres pas trop accidentés. On entre dans le coeur des montagnes qu’on peut apercevoir de très loin sur la route sinueuse entre Vang Vieng et Luang Prabang. On peut y voir de superbes paysages montagneux, des rizières sauvages où les femmes travaillent d’arrache-pied avec des instruments de fortune. Le trekking est un bon moyen de faire le grand vide, le plein de culture et de rester en forme.
On monte et l’on monte, on semble avoir gravis toute la montagne, mais non encore une autre pente abrupte se présente devant nous. Le soleil à son zénith rend l’ascension encore plus difficile. J’arrive enfin à l’abri au toit de paille. Je m’assois à la table et j’attends les autres. Mon gilet est détrempé comme si j’étais tombé dans une rivière. On casse la croute, on souffle un peu et il est déjà passé midi et je n’ai rien avalé ce matin mis à part un café. À peine, j’ai mordu dans mon sandwich que j’entends mon moteur digestif se mettre en branle. En moins d’une minute, mon repas est déjà du passé. Complètement consumé dans mon système digestif.
On rejoint un petit village qui selon mon guide a une population d’une cinquantaine de résidents. Des maisons rudimentaires faites de feuilles et de bambou. Un Hmong prend sa douche au puits commun et les enfants nous saluent timidement. On se contente de regarder leur quotidien en passant discrètement dans leur village pour ne pas perturber leurs activités. De toute manière, on se sent voyeur et on n’a pas le gout de s’aventurer plus loin.
On continue vers le lit d’une petite rivière, on rencontre des buffles d’eau dans un enclos dissimulé en pleine jungle. La température est suffocante. Nous profitons des plantes à grande feuille pour nous faire des chapeaux quoi de plus écologique et vert ?
On stoppe à une table de maison en bois tressée pour un gouter. Une femme court après ses chèvres dans la montagne. Un sac de tabac traine sur la table. Des feuilles de papier lettre font office de papier à rouler. Quelque chose me dit que ça ne doit être des plus santé. Une radio joue en arrière-plan. Surement alimentée par des piles, car il n’y pas d’électricité ici. On repart pour rejoindre le village Khmu à 30 minutes de marche à travers les sentiers montagneux.
Mon guide qui est d’origine Khmu me renseigne sur les différences qui existent entre le peuple Khmu et le peuple Hmong les deux principales tribus des montagnes du Laos. Il est venu étudier en 1997 dans la grande ville de Luang Prabang. Il devait parcourir 5 heures dans la jungle et 2 heures de voiture avant d’atteindre la civilisation. Environ 75 familles résident dans ce village qui est beaucoup plus organisé que le village Hmong que nous avons rencontré auparavant. Un conseil de bande, une résidence pour les voyageurs désirant séjourner parmi eux et un magasin de fortune où l’on peut se procurer un pepsi bien chaud. Des gens nous saluent timidement pendant que les 2 couples qui m’accompagnent discutent, les minutes s’envolent et la pluie nous menace de plus en plus.
On continue vers la rivière , la pluie commence et arrête aussitôt, mais le sentier est maintenant boueux et très glissant. Mes sandales de caoutchouc menacent de me projeter directement dans la boue. Une heure de glisse retenue à travers la jungle, les rizière et le brulis pour enfin atteindre notre bateau quand le pilote sort d’une maison de bambou avec sa guitare et en profite pour nous jouer une petite chanson. Le bateau traverse de l’autre côté de la rivière et nous sommes de retour à l’Elephant Village. Les éléphants sont maintenant dans leur quartier pour un repos bien mérité. Une autre demi-heure pour retourner vers mon hôtel manger et me doucher ce soir le sommeil sera très apprécié. Ah oui! j’allais oublier en allant dans la douche je passe devant un miroir et je m’aperçois que mes amis coiffeurs m’ont fait la pire coupe de cheveux de cancéreux. Je commence a comprendre pourquoi les gens me regardais d’une drôle de façon à l’Éléphant village. Je voue en doit une mes salopards…