La création mondiale de l’opéra Un retour El regreso- Festival d’Aix-en-Provence

Publié le 18 juillet 2010 par Regardscurieux

L’opéra Un retour El regreso d’Oscar Strasnoy , création pour le Festival d’Aix, nous projette avec force dans l’histoire du retour d’un exilé argentin qui le fait sombrer dans la déraison. Les formes sont ramassées: l’opéra de chambre dure environs une heure, repose sur une poignée de musiciens dont les instruments partagent la scène avec les 7 personnages. La scène elle-même est plutôt un angle de scène, le décor -quelques ombres projetées et quelques objets.

L’imbrication physique entre les chanteurs et les musiciens témoigne du processus de création de cet opéra. L’auteur du libretto Alberto Manguel, le compositeur  Oscar Strasnoy et le metteur en scène Thierry Thieû Niang (dont c’est la première) ont travaillé ensemble dès le tout début. Des choix intéressants ont été pris de la sorte, le plus marquant étant celui des langues: le personnage principal Nestor (en césure avec ses origines) parle en français; ses fantômes en espagnol (quelques jeux de mots à déceler); le personnage qui l’entraîne dans une sorte d’enfer à la Dante chante en latin.

De cette collaboration résulte un ensemble cohérent dans la veine des compositions contemporaines dont tout élément concourt à nous plonger dans les affres cauchemardesques du personnage principal, hanté par les fantômes des disparus et des tortionnaires qu’il a fuis grâce au soutien de ses parents. Sur l’ensemble plane une condamnation sans appel et sans pardon. La musique est dissonante, les phrases musicales plutôt courtes et quasi parlées. Le sérieux du sujet en fait cependant une oeuvre à projet, elle est donc intéressante quelques soient nos affinités musicales par ailleurs.

A part les deux chanteurs principaux, l’opéra repose sur les cinq chanteurs de l’ensemble vocal local -Musicatreize, dont la créativité a trouvé ainsi une belle expression. Pour certains c’ était même la première prestation scénique. Selon Thierry Thieû Niang, metteur en scène d’une admirable simplicité et gentillesse (que nous avons eu le plaisir de rencontrer à la fin de la représentation) la création va poursuivre son parcours à Istres, Toulon etc. puis  en Argentine. Je suis curieuse de connaitre la réaction du public argentin dont l’oeuvre évoque le vécu.