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Publié le 18 juillet 2010 par Corboland78

A la fin des années 50, enfant j’habitais avec mes parents et ma soeur au cœur de Paris et déjà à cette époque les citadins qui le pouvaient profitaient du week-end pour se sauver à la campagne et s’oxygéner les poumons. Nous n’échappions pas à cette règle.

Si je n’ai guère de souvenirs de la première voiture de mon père, une Juva4, je me rappelle très bien de sa 203 Peugeot, noire et oblongue comme un suppositoire garantie d’aérodynamisme. Avec le recul ce qui m’amuse beaucoup, ce sont les deux flèches amovibles de chaque côté de la carrosserie qui permettaient de signaler qu’on voulait tourner à droite ou à gauche. Aujourd’hui tout cela semble ahurissant et peu fiable, néanmoins en ce temps-là tel était l’état de la technologie automobile.

Donc le dimanche, quand il faisait beau au printemps et en été, nous embarquions tous dans le véhicule, mes parents et sœur mais aussi mes grands-parents qui habitaient le même immeuble que nous. Avant de partir, mon grand-père scrutait le ciel et n’omettait pas de remarquer à haute voix que « Le ciel n’est plus aussi beau qu’autrefois. C’est la faute aux Spoutniks qu’ils envoient dans l’espace ! ». Sans nous arrêter à ces considérations scientifiques tout le monde se casait dans la 203, le coffre plein du nécessaire de pique-nique et nous quittions le 52 de la rue Richer vers une campagne proche qui, je ne le savais pas encore, deviendrait bien vite une banlieue.

Je ne sais plus comment notre destination était choisie mais ce pouvait être la forêt de Fontainebleau et ses dédales de rochers ou bien encore le parc de Marly le Roi.

De nos jours il n’est plus autorisé de pique-niquer dans ce parc, autrefois si nous le faisions c’est que la loi n’était pas restrictive. Mes parents installaient la table et les chaises pliantes, ma mère déballait les provisions, salades, charcuteries et pain certainement. Au milieu du parc de Marly un grand bassin entouré de pelouse au creux d’un vallon et sur les hauteurs de ce vallon, une allée abritée de marronniers touffus l’encadre sur ces deux grands côtés. Nous avions notre coin favori, sous ces arbres magnifiques, non loin d’une source dans laquelle aussitôt arrivés nous mettions à fraîchir nos bouteilles et où j’avalais une lampée de cette eau régénératrice récupérée dans la coupe de mes mains.

En attendant l’heure du repas, certainement que je faisais une partie de football avec mon père et mon grand-père pendant que les dames calées tant bien que mal dans leurs chaises pliantes en toile prenaient le frais en contemplant le paysage aux vertus reposantes.

Cinquante ans plus tard, j’habite à quelques centaines de mètres de ce parc, les casse-croûteurs sont remplacés par les joggeurs qui courent tout le week-end autour du bassin, les marronniers sont toujours là, la vue y est toujours aussi apaisante et l’on s’y sent, c’est vrai, un peu à la campagne. Quant à la source, elle est bien entendue toujours au même endroit mais une grille en interdit l’accès car l’eau n’y est plus potable.     


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