Si je voulais résumer simplement cet essai, je dirais que l'un est pour (Lipovetsky), l'autre est contre (Juvin). Le premier court avec élégance sur cent-cinquante pages, le second argumente sur un peu plus de cent pages. Questions-réponses sur une cinquantaine de pages, et l'affaire est conclue.
Mais je doute que ce résumé vous donne envie de lire le livre, ce qui est la noble mission que, par la tenue de ce carnet, j'ai la prétention de remplir.
Pourtant, il est assez malaisé de résumer un propos lesquels, vu la forme du livre, sont déjà assez schématiques. Je retourne aux trois pages de notes que j'ai prises.
Plus que sur la mondialisation à proprement parler, le débat porte sur la notion de culture-monde, dans la quelle la mondialisation tient certes une part importante, mais qui couvre beaucoup plus que l'ouverture des marchés et la généralisation des échanges. Et dans cette notion, le sens de culture ne correspond pas tout à fait au sens habituel du mot, la culture étant ce qui, jusqu'ici, « ordonnait clairement les existences, ce qui donnait un sens à la vie en l'encadrant par tout un ensemble de divinités, de règles et de valeurs, de systèmes symboliques ».
Si l'un et l'autre des auteurs s'entendent sur la notion de culture-monde, ils divergent sur ses effets et son étendue. LIPOVETSKY dresse une critique constructive et constate que la culture, ce qu'il appelle l'hyper-culture, pour la distinguer de la notion classique, est pour lui ce qui a le plus de chances d'advenir, l'homme ne pouvant être réduit au rôle de consommateur. JUVIN voit l'avenir en noir, redoutant la victoire définitive du « totalitarisme mou de l'enrichissement » et allant même jusqu'à affirmer que « le temps de la violence sans projet, des guerres sans armées et des conflits sans limites parce que sans frontières est venu ». S'il tient bien le rôle de Cassandre, ne faut-il pas redouter que, comme elle, il aie raison ?
J'avoue, une fois le livre refermé, balancer encore entre les deux. Et pourtant je ne suis pas d'origine normande...Je constate la fin d'un monde, celui dans lequel j'ai été formé, et redoute le pire, car on sait que le pire n'est jamais à exclure, dessiné par JUVIN. Voici le débat qui a été diffusé sur le site Dailymotion. Les deux auteurs ont aussi participé à l'émission Du grain à moudre, sur France Culture, pour laquelle j'ai cité le lien dans un article précédant.