Le 23 septembre 1970, les pays francophones de notre vieille Europe perdaient un ami aussi populaire que le Président de la République, André Robert Raimbourg dit Bourvil, victime d’un cancer, la France et la Belgique étaient en deuil, aujourd’hui, nous perdons Bernard Giraudeau et sommes tous attristés par son départ qui creuse un fossé dans l’histoire de notre culture.
Homme simple, amoureux de la mer et du beau, voyageur infatigable, il s’est éteint à l’âge de 63 ans à la suite d’un cancer qui le faisait terriblement souffrir, lui si athlétique, si fort, terrassé de l’intérieur par une maladie qui touche des millions d’êtres dans le monde civilisé, et ce n’est pas faute de s’être battu avec courage et philosophie.
Nous l’avons vu si beau, si fort, le corps sculpté au cours des années, se déliter, fondre à vue d’œil, nous l’avons accompagné silencieusement, écouté, entendu, lu, suivi, soutenu par la pensée, mais cela n’a pas suffit, lorsque le crabe est là, il est difficile de s’en défaire, il s’accroche et ne lâche pas facilement prise, malgré la science, la technologie, il n’a pas pu lui, le voyageur de l’impossible, le téméraire explorateur des mondes perdus, en venir à bout et nous ne pouvons qu’accompagner les siens dans la douleur qui les étreint en leur témoignant notre amitié, notre amour d’un homme qui nous semblait remarquable en de nombreux points, même si au quotidien, il ne devait, comme tous les hommes de caractère, pas être facile à vivre.
C’est étrange cette façon de connaître des gens que l’on n’a jamais rencontré, mais qui nous ont accompagné toute notre existence, et lorsqu’il partent de façon aussi tragique, on prend soudain conscience que nous ne sommes déjà plus des enfants mais des adultes, des parents, des professionnels également, que nous ne sommes pas si éloignés après tout, il n’avait que 16 ans de plus que moi, il aurait pu être mon grand frère, mon jeune oncle, il aurait pu être de ma famille, pourquoi pas, et l’annonce de son départ a provoqué chez moi un flot de tristesse, comme un vide, oui, cela semble idiot, mais j’aimais cet homme pour ce qu’il montrait de lui, j’aimais ce caractère rebel, cette force, c’était le genre d’homme qui ne se laissait pas faire et qui réagissait, réagir, toujours réagir, ne jamais se laisser abattre par les événements et les vicissitudes de la vie, un exemple, un courageux, un homme… Qu'ajouter de plus...
Adieu Bernard, tu vas nous manquer…
Nous vivons une époque formidable, mais certains jours, on préfèrerait ne pas les avoir vécu…