A propos de L’Autre monde de Gilles Marchand 2 out of 5 stars
L’été, dans le Sud de la France. Gaspard, un adolescent, sauve in extremis Audrey, une jeune femme qui tentait de mettre fin à ses jours. Un jour, il la retrouve par hasard chez un dealer. Fasciné par elle, la volupté qu’elle dégage, Gaspard tombe amoureux d’elle en même temps qu’il découvre qu’elle vit par procuration, dans un monde virtuel, un jeu vidéo en noir et blanc (et en ligne) nommé « Blackhole ». Pour se rapprocher d’elle, Gaspard s’inscrit sous le pseudonyme de Gordon dans « Blackhole ». Il y retrouve Audrey alias Sam…
Si l’intrigue de L’Autre monde met un peu de temps à se mettre en place, c’est surtout le contenu et l’enjeu du film qui sont incertains. Mêlant le fantastique au thriller, L’Autre monde est peuplé de créatures étranges, vêtues de noir. La bande d’amis d’Audrey, en premier lieu, est inquiétante comme le père de Marion, la petite amie de Gaspard (très bon Grégoire Leprince-Ringuet). Sont-ils gothiques ou satanistes ?
C’est en tout cas bien de manipulation dont il s’agit dans L’Autre monde. Audrey est une jeune femme oisive et paumée que son frère (Melvil Poupaud) dirige comme un marionnettiste. L’inceste n’est pas loin. Mais si le plaisir sadique de ce dernier est de faire se suicider tous les garçons que sa sœur pourrait rencontrer, et qui sont eux-mêmes des paumés, on a du mal à situer l’enjeu du film, où il veut en venir. A un moment du film, le frère d’Audrey tient un discours à Gaspard comme quoi, en poussant au suicide des hommes au bout du rouleau et qui rêvent d’en finir, il ne fait que les révéler à eux-mêmes. Sous-entendu, leur faire comprendre qu’ils n’ont plus aucune raison de vivre… Mais encore ?
Si l’alchimie formelle fonctionne dans ce mélange entre animations en 3D et film 35 mm, fantastique et thriller, c’est le contenu du propos qui laisse plus à désirer. Peut-être qu’après tout, s’enorgueillir d’une telle réussite formelle n’est déjà pas si mal. On est séduit par la beauté plastique du film, la sensualité que dégage Louise Bourgoin (Audrey), teinte pour l’occasion en blonde platine. Tiens, tiens, mais ne ferait-elle pas penser, dans son attitude et ses poses provocatrices, à une certaine Brigitte Bardot ?…