Bourse Tocqueville 2010, donnera tout au long de son séjour ses impressions sur Washington sur le Cri.fr.
La France est fière de ses saucisses et de ses baguettes, et elle le montre. Les « hot-dogs » prévus par l’ambassade de France pour le 14 juillet à Washington ont fait leur effet auprès des deux mille convives, venus célébrer leur pays. La formule choisie par les services de l’ambassade restera inscrite dans le livre d’or de la « réduction du train de vie », ouvert en juin à la demande de Nicolas Sarkozy. Le Quai d’Orsay, qui a maintenu les garden parties dans les consulats et ambassades pour « la promotion et le rayonnement de la France dans le monde », avait aussi invité les ambassades à économiser, à travers « des partenariats avec des entreprises françaises ou des collectivités territoriales », qui prendraient en charge une partie des coûts des festivités. Une recommandation suivie à la lettre par l’antenne de Washington, pour le « Bastille Day ». Cette année, France24 et Sanofi-Aventis, les deux mécènes de l’édition 2010, « ont permis de réduire de deux tiers nos dépenses », se félicite Pierre Vimont, ambassadeur de France à Washington.
France24, une chaîne financée par les deniers publics, qui sponsorise une ambassade ? Depuis l’Hexagone, le contribuable pourrait être surpris de l’apprendre. « Nous n’avons aucun problème avec le contribuable français à ce sujet, France24 réalise une superbe opération en venant annoncer son lancement sur un réseau câblé américain ici à l’ambassade. Il s’agit de promouvoir l’influence de la France dans le monde, c’est le rôle des ambassades à travers le monde », oppose le chef de l’institution.
Juste avant les hymnes, devant les convives, Pierre Vimont mentionne dans son discours la réduction des coûts, la voix timide, ou couverte par la ripaille populaire, qui rame elle aussi dans l’océan du déficit national la demi-baguette du hot-dog à la main. Les « French fries » initialement prévues ont même été remplacées par les chips emballées. Heureusement, les cornichons pimentent un peu le tout. Car le buffet « saucisses-fromages » -du pays- se veut convivial. Il fait d’ailleurs penser à ces quelques français sur la route des vacances, qui au moment de déjeuner sur l’aire d’autoroute, font tout de même attention à leurs dépenses. Un sandwich et des chips, car partir en vacances, c’est déjà bien.
Autre invention française cette année, pour le 14 juillet, il n’y a pas eu un, mais deux banquets. Le premier à l’ambassade, d’une valeur « chips ». Et, une seconde réception a eu lieu le 12 juillet à la résidence de l’ambassade de France, l’ancien logis de la famille Rockefeller, où seuls les « ambassadeurs étrangers et les officiels américains étaient invités par M. l’Ambassadeur ». Ces mêmes convives qui, autrefois, participaient à la cérémonie du « Bastille Day », à l’ambassade. « Ce sont nos sponsors qui ont financé ce déjeuner, car France24 a aussi besoin de cette renommée auprès des autres ambassadeurs », affirme le représentant de l’Etat outre-Atlantique.
Trop habitué aux déficits et aux plans de rigueur européens, Dominique Strauss-Kahn, le voisin du FMI, n’aura pas fait d’apparition cette année. Pourtant la réduction de la facture pour une fois semble avoir été concluante : « C’est une nouvelle formule cette année, nous sommes satisfaits du résultat », affirme Pierre Vimont. Et de renchérir : « Nous sommes indépendants financièrement, donc nous gérons notre propre budget ». Reste que, côté fête, les soirées de l’ambassadeur ne sont plus ce qu’elles étaient.
Laure Robin