Je n'avais donc jamais rencontré Bernard Giraudeau. Je l'avais vu dans des films, comme tout le monde. Comme beaucoup, j'avais lu plusieurs de ses livres. Trois, pour être précis.
Dès le premier de ceux-ci, toute prévention envers la célébrité qui se fait passer pour écrivain avait disparu. C'était Les hommes à terre, où le marin qu'il était filait la métaphore le temps de cinq récits. Puis Les dames de nage, véritable roman, certes inspiré par les voyages de l'auteur, par ses relations avec les femmes et par l'amitié. Enfin, très récemment, Cher amour, ouvrage hybride et émouvant, entre la lettre qu'on envoie de loin et la douleur qu'on connaît de près.
Les trois livres m'ont impressionné. Ils sont aussi rêvés que réels. Et bien d'un écrivain, découvert sur le tard.
L'homme, en outre, devait être attachant. J'ai gardé le souvenir très vif d'une rencontre qu'avait faite avec lui un (ou une) journaliste de Libération, il y a peu - quelques semaines ou quelques mois. Il y disait, entre autres choses, car il était aussi question de ses projets, sa lutte contre le cancer, sa colère contre la maladie et les moments d'abattement. C'était terriblement vrai, comme ses livres, même quand ils sont de fiction.