Typhoon Club / Taifu Kurabu (1985) de Shinji Somai serait une grande métaphore sur la vie, et la mort. Une métaphore qui nous interpelle sur nos peurs et notre place au sein de la société. Cette œuvre se révèle également comme le souhait de montrer combien il est difficile de comprendre la jeunesse.
Alors qu’un Typhon approche d’une petite ville de campagne, des adolescents vivent avec tourment leur passage à l’âge adulte. Certains d’entre eux se retrouvent alors enfermés dans leur école et s’occupent comme ils peuvent…
Typhoon Club décompte les jours à l’approche d’un typhon qui va s’abattre sur le Japon et en particulier dans une petite bourgade où des adolescents sans repère semblent y rechercher une identité propre. Ces jours que l’auteur décompte développe une tension toute particulière. Une tension qui va en crescendo à mesure que le typhon approche. On y suit ces jeunes dont les esprits s’échauffent comme si le cyclone avait un impact grandissant sur leur psyché. Shinji Somai nous met en scène l’histoire de ces jeunes, des adolescents qui sont dans le processus du passage à l’âge adulte. Il y traite avec un certain pessimisme (ou la difficile compréhension) des sujets tels que l’homosexualité, la place sociale et ce qui incombe à tous en société. Mais aussi et surtout de la vie et de la mort.
Dans Typhoon Club, ce typhon qui s’abat est la destruction pure et simple ou ce lien infime entre deux mondes (adolescence/adulte). Un interstice sur l’existence. Les adolescents enfermés végètent dans un cocon qui prend forme sous les traits de l’école. Ils y découvrent un certain laisser aller, une liberté jamais connue jusqu’alors qui s’exprime notamment par la danse. On notera la très belle scène, tirée en longueur et filmé de loin d’une force rare. Dans cette bulle ils se défont de tout carcan sociétal et resplendissent de vie, pourtant. S’il y a la vie, la mort l’accompagne forcément et on ne prend vraiment conscience de ce qu’est la vie que lorsque la mort frappe semble nous dire le cinéaste à travers ces jeunes. Ainsi la noirceur s’invite au travers de pulsion sexuelle pour l’un ou par des pensées suicidaires pour un autre.
Typhoon Club est une œuvre d’une puissance sans équivoque. Une œuvre qui dépeint la réalité d’une jeunesse dans une société stricte. Une jeunesse non fantasmée mais bel et bien réelle, décrite dans une oeuvre non pour les jeunes mais sur les jeunes. Une jeunesse avec tous les sentiments contradictoires qui les habitent entre l’enthousiasme le plus exacerbé à l’abattement le plus total. Shinji Somai parvient à saisir avec minutie un état, celui d’une jeunesse aux comportements et sentiments versatiles. Typhoon Club est à la fois splendide, troublant et marquant.
I.D.
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