Le gibet de Montfaucon d'après Viollet-le-Duc
Le gibet pouvait recevoir jusqu’à cinquante corps exposés aux yeux des chalands. A sa base, une cave fermée d’une grille recevait les restes des condamnés, ainsi que des cadavres provenant d’autres lieux d’exécution de Paris. Qu’on imagine le délicat fumet qui se dégageait de ce charnier !
Le gibet de Montfaucon fut construit en remplacement d’anciens gibets de bois, à l’instigation d'Enguerrand de Marigny, chambellan du roi Philippe IV le Bel. Enguerrand de Marigny y fut lui-même injustement pendu en 1315 sur ordre de Louis X le Hutin, accusé d’altération des monnaies, de détournement de fonds et de sorcellerie. Les dernières exécutions eurent lieu vers 1630, puis le gibet fut progressivement abandonné. Aujourd'hui, aucune trace visible du gibet ne subsiste.
L'exécution d'Eguerrand de Marigny - Alphonse Marie de Neuville - 1883
Dans Notre-Dame de Paris, Victor Hugo évoque le gibet de Montfaucon ainsi :
« Les poutres étaient vermoulues, les chaînes rouillées, les piliers verts de moisissure. Les assises de pierre de taille étaient toutes refendues à leur jointure, et l’herbe poussait sur cette plate-forme où les pieds ne touchaient pas. C’était un horrible profil sur le ciel que celui de ce monument ; la nuit surtout, quand il y avait un peu de lune sur ces crânes blancs, ou quand la bise du soir froissait chaînes et squelettes et remuait tout cela dans l’ombre. Il suffisait de ce gibet présent là pour faire de tous les environs des lieux sinistres. »