Le lapin Duracell peut aller se rhabiller : la NASA vient de présenter un robot d'exploration océanique qui ne s'arrête jamais. Il s'agit du premier du genre à être entièrement alimenté par des énergies renouvelables. L'agence spatiale a expérimenté récemment SOLO-TREC, une bouée remplie de cire fonctionnant uniquement grâce aux différences de température de l'eau environnante. Depuis novembre 2009, trois fois par jour, l'engin plonge infatigablement à des profondeurs de 500 mètres au large des côtes hawaiiennes. Ce flotteur automatisé a pour mission de recueillir des données sur la température et la salinité des eaux afin de contribuer à l'étude des courants océaniques. SOLO-TREC utilise l'énergie thermique de l'océan chaque fois qu'il remonte de profondeurs froides vers la surface plus chaude. Les compartiments à huile disposés sur le châssis contiennent des cylindres remplis de deux cires différentes. Celles-ci passent de l'état solide à l'état liquide quand la température de l'eau dépasse 10 °C. Elles se dilatent alors et leur volume augmente de 13 %. Les cylindres de cire dilatés font affluer l'huile vers l'intérieur du robot, où elle est stockée à haute pression. Cette huile comprimée peut ensuite être libérée pour faire fonctionner un alternateur et charger ainsi les batteries de la machine. Ces dernières alimentent les pompes qui vont aspirer ou expulser l'eau, permettant au système de plonger ou au contraire de remonter. Les batteries alimentent aussi en énergie le récepteur GPS et les capteurs, ainsi que l'émetteur du sous-marin, qui envoie ses données par satellite lorsqu'il vogue en surface. “Chaque plongée complète génère environ 200 watts pendant trente secondes”, assure Jack Jones, l'un des responsables du projet au Jet Propulsion Laboratory de Pasadena (Californie). Jones et ses collaborateurs espèrent fabriquer toute une flottille de ces robots afin d'améliorer la surveillance des océans, laquelle contribue aux prévisions météorologiques et climatiques. D'autres robots utilisant cette technologie devraient voir le jour. Une société américaine, Teledyne Webb Research, de Falmouth (Massachusetts), fabrique des robots ailés qui “planent” sous l'eau en utilisant également de la cire thermique afin de contrôler leur flottabilité. Mais ces engins ont toujours besoin de batteries pour alimenter leurs circuits électroniques. Récemment, l'US Office of Naval Research a demandé aux deux équipes d'ingénieurs travaillant sur ces projets de plancher sur de nouveaux planeurs sous-marins qui ne nécessiteraient plus de batteries.
Rachel Courtland, New Scientist