La Croatie - une colonie en de bonnes mains ?
Le Balkanikum a traduit un passage d'une interview qu'a mené le journal Jutarnji list avec le ministre de l'Intérieur Tomislav Karamarko (17 juillet 2010). Sur les dix questions posées par le journaliste, le ministre répond à la septième de la façon suivante :
Comment commentez-vous le fait que même le prestigieux Washington Post écrit sur le soutien que la police croate apporte au grand capital ?
J'éviterais de commenter les écrits journalistiques, mais essayez d'imaginer comment cela se passerait si quelqu'un tentait d'arrêter la construction d'un gratte-ciel à Manhattan comme le font exactement les manifestants à Varšavska ? Je dois également dire que j'ai reçu de la part des cercles diplomatiques des signes d'inquiétude à cause de la façon dont certains investissements sont stoppés en Croatie. Le travail de la police est soumis à des critiques absurdes. Certains milieux d'affaires en Croatie critiquent la police à cause de la création d'un climat hostile aux affaires ; la raison à cela sont les nombreuses plaintes contre la direction de certaines entreprises très influentes. D'un autre côté, la rue nous accuse de protéger le grand capital.Kako komentirate to da čak i ugledni Washington Post piše o podršci koju hrvatska policija pruža krupnom kapitalu ?
- Ne bih komentirao novinske napise, ali probajte zamisliti kako bi se proveo netko da pokuša zaustaviti gradnju nebodera na Manhattanu onako kako to rade prosvjednici u Varšavskoj? Moram reći i to da sam iz nekih diplomatskih krugova dobio izraze zabrinutosti zbog načina na koji se u Hrvatskoj zaustavljaju pojedine investicije. Rad policije je izložen apsurdnim kritikama. Neki poslovni krugovi u hrvatskoj kritiziraju policiju zbog stvaranja antipoduzetničke klime, a povod za to su brojne kaznene prijave protiv uprava nekih vrlo utjecajnih tvrtki. S druge strane, s ulice nas prozivaju da štitimo krupni kapital.
Voila qui a le mérite d'être clair. Pour protéger le climat des affaires, rassurer les diplomates étrangers et apaiser les firmes très influentes, le ministre de l'Intérieur s'est donc senti obligé d'arrêter 150 de ses compatriotes qui manifestaient pacifiquement contre des projets qu'ils jugent douteux et entâchés de malversations et qu'en outre il leur a interdit d'accéder à la zone proche de ces mêmes travaux pendant huit jours sous peine d'amendes astronomiques.
En contrepoint à cette application draconienne de la loi pour le plus grand plaisir du capital étranger, le Balkanikum est allé vous dénicher un interview de ce même ministre publiée sept mois plus tôt (le 19 décembre 2009) dans le même journal (le Jutarnji list). Sur les 31 questions posées le ministre répond pompeusement à la 30ème :
Et vos convictions politiques ?
- J'ai passé toute ma vie à travailler dans des appareils où l'application de la loi est la partie dominante du travail. Je ne me soucie pas de qui vote pour qui. Je peux dire de moi-même que j'appartiens à l'option politique médiane avec un sentiment national prononcé. Si l'on regarde autour de nous tous les pays à succès d'Europe et du monde, nous voyons qu'il n'y a pas de pays à succès sans patriotisme. Sans respect de soi, sans connaissance de ses propres priorités matérielles et spirituelles. C'est un fait constitutif et le nier nous amène à la superficialité sociale et politique. La Croatie, en fin de compte, si l'on veut parler en termes politiques, a mérité d'être débarrassée idéologiquement de tous les totalitarismes exécutifs (sic) qui nous ont accablés et trop coûté au 20ème siècle : le fascisme et le communisme. Et pour qu'ainsi - soulagés - nous entrions dans l'Union européenne.
A vaše političko uvjerenje ?
- Cijeli život radim u sustavima gdje je provođenje zakona dominantan dio posla. Nije me briga tko za koga glasuje. Mogu za sebe reći da pripadam središnjoj političkoj opciji s naglašenim nacionalnim osjećajem. Pogledajmo oko sebe sve uspješne zemlje Europe i svijeta i vidjet ćemo da nema uspješne zemlje bez domoljublja. Bez samopoštovanja, bez znanja o njezinim materijalnim i duhovnim prioritetima. To je konstitutivna činjenica, negiranje nas upućuje na socijalno-političku površnost. Hrvatska je, nakon svega, kad se politički očitujemo, zaslužila ideološku čistoću od svih egzekutivnih totalitarizama koji su nas opterećivali i previše koštali u 20. stoljeću: fašizma i komunizma. I da takvi - rasterećeni - uđemo u Europsku Uniju.
Voila qui explique la nature tragique du ministre Karamarko. D'un côté il est habité d'un sentiment national prononcé et de l'autre il vit dans l'angoisse d'être critiqué par les divers diplomates étrangers chargés de faire fructifier l'argent de leurs nations respectives. Tout cela n'est pas facile à vivre.
Cette double angoisse remonte au jour de sa nomination. Rappelez-vous : Karamarko avait été nommé ministre de l'Intérieur après une vague d'attentats qui avait secoué la capitale croate et permis à l'Europe d'exiger des démissions et de nouveaux cadres plus conformes à ses vues...
Toujours prêt à rendre service, le Balkanikum va demander à l'Europe qui l'a mis là où il est de le révoquer car cette schizophrénie devient trop dure à supporter pour ses frêles épaules.