En voyant "Tournée" j'ai pensé au premier film de Mathieu Amalric que j'avais vu en 2001 au festival de Locarno . C'était :" le stade de Wimbledon" d'après le livre de Daniele del Giudice que j'avais lu. J'étais présente à la table ronde où Mathieu Amalric parlait de son film ; Irène Bignardi était alors la directice du festival. Dans le film , Jeanne Balibar était à Trieste à la recherche de témoignages sur un éditeur , grand lecteur et découvreur de talents , Roberto Bazlen -"Bobi"- qui n'a laissé que très peu d'écrits (de lui j'ai "le capitaine au long cours " , ses "lettres éditoriales" et un court texte sur Trieste). Le film baignait dans une atmosphère de vide , comme si l'héroïne avait un besoin vital de le combler et d'en apprendre plus sur Bazlen.
Contraste donc avec le début de "Tournée" plein d'exubérance -bien que cela commence par une séance de maquillage dans une loge. Joachim Zand (Mathieu Amalric qui a pris le nom de sa mère) est producteur d'un spectacle genre cabaret itinérant, avec stripteaseuses américaines , qui se produit dans des villes côtières en France.. Il aurait aimé terminer à Paris mais une salle lui fait faux bond d'où la scène de colère dans le couloir d'un train . Peu à peu le film devient plus mélancolique , il y a ses enfants que Joachim délaisse et se sent coupable, il y a les" filles" qui semblent se lasser "qu'est-ce qu'on est venu faire ici"? , il y a toutes les intrigues , pas très jolies , du monde du spectacle. En sortant j'étais un peu triste. J'ai pensé que "la chair est triste " mais pas seulement. C'est le personnage de Joachim Zand qui m'a inspiré de la sympathie et j'ai souffert avec lui de devoir faire semblant de tout maîtriser alors qu'il est débordé, aussi de son insatisfaction, de son entrain obligé alors que ce n'est qu'une façade dans ce monde éphémère du spectacle.... J'ai bien aimé , j'ai vu ce film pour Mathieu Amalric et il ne m'a pas déçue...