Environ tout les deux ans, ou peut être moins, le réalisateur Christopher Nolan a son nom posté sur une affiche de cinéma, depuis maintenant 13 années ses œuvres défilent sous nos yeux, c’est en 2006 qu’il commence à être pris au sérieux avec The Prestige, auguste film sur les débuts de la magie, puis Monsieur Nolan nous étonne avec Batman Begins et The Dark Knight, réinventant le genre super-héros, adieu tétons en plastique et personnage haut en paillette et couleur, le Batman est désormais sombre, élégant et mystérieux.
Inception est entièrement écrit et réalisé par Christopher Nolan, certainement un des films les plus attendu en 2010, le seul blockbuster original de l’année, ce détail mérite d’être souligné. Combien de temps ce jeune réalisateur a rêvé avant de sortir sa plume et d’esquisser la complexité de ce scénario?
«Votre esprit est la scène du crime», ce qui laisse une multitude de possibilité, l’histoire aurait pû nous emporter n’importe où. Nous rêvons tous, il est bien vrai que dans nos rêveries, nous pouvons être dans plusieurs situations complètement folles qu’on ne saurait jamais expliquer. Le défi était donc de taille pour ce long métrage, le spectateur s’attend à voir l’insensée…L’alchimie avec Inception opère dès les premières minutes, il serait laborieux de ne pas se faire embarquer dans la performance de Leonardo Dicaprio et Joseph Gordon-Levitt, d’ailleurs, tout deux nous semble sortir d’un rêve, celui de Nolan à la manière d’un Kubrick également, la production soignée nous donne l’impression d’un cocon en perpétuel évolution, la dimension des plans et du décor tant recherché, est égal aux jeux des acteurs. Ce que l’on ne vous a pas dit dans la campagne marketing de ce film, c’est qu’une véritable bataille de charisme a lieu sous nos yeux pendant 2h30. Cette équipe de comédien n’a jamais été autant en place, chaque rôle est taillé sur mesure, on reste stupéfait, exhaustivement abasourdit par cette direction artistique. La photographie est fidèle aux anciens films du réalisateur, un mélange de carnation ocre et grisâtre, toujours pas de couleur pourpre ou flamboyante, la vue de ce daltonien enrichie complètement ses œuvres.
Les dialogues sont mis en avant ici, comme pour tout les films de Nolan, néanmoins, on reste pendu aux lèvres de ces comparses tant l’histoire nous déroute, on se transforme en véritable nomade en rêves inconnus.
Et cette fois-ci, aucune femme n’est tué,mais Marion Cottillard détone face à la caméra, le couple Dicaprio/Cottillard est vraisemblablement un des plus attractifs du moment, l’actrice a signé son meilleur film ainsi que son meilleur rôle, elle s’ouvre au public pour faire apercevoir son étincelante sphère.
Le réalisme nous frappe pendant les scènes d’actions, on est porté en apothéose, ce qui engendre une sensation de vécu plutôt agréable, le ballet des arsenaux sont filmés d’une main de maître, la puissance des armes n’aura jamais été aussi réelle. Une crainte est présente dans la dernière demi-heure du film, l’immersion est intégrale, mais on ne sait jamais dans quel sens l’auteur nous conduit, et au final, on se dit qu’il ne pouvait qu’être ainsi, la logique est inéluctablement le fort de Nolan.
Même si on pense très vite au concept Matrix, celui-ci disparaît très vite, on est loin du scénario des frères Wachowski, Inception est bâtit différemment, c’est un tout autre genre de Science-Fiction, Blade Runner peut gagner le titre d’entité sur ce film, on retrouve la même froideur et atmosphère irréelle, en revanche, Inception devance ses compères par son originalité, mais au fond c’est un sujet que nous connaissons tous: les rêves, et c’est ici que Nolan excelle et scintille par son génie car il arrive à nous surprendre et nous bluffer, c’est à se demander si il n’aurait pas rêvé cette histoire. Vous verrez que fatalement, on ne peut que rêver devant Inception.