quand la nuit a fini de piquer tout le drap et se découvre juste un peu, histoire de dire que dans la famille Ying et Yang! pas bégueule, elle laisse enfin sa place au suivant. Donc! Comme je te disais; ce presque matin là, la cuisine faisait doucement jouer ses casseroles petit format , les ténors pas les barytons, et en surface d'océan on pouvait humer dans ses premiers naseaux frétillants- un mélange de café des hauts plateaux et à petit glouglou , de chocolat légèrement amer lissé au lait longuement frappé et coiffé moussu et de pain grillé sur tranches, prompt à recevoir un beurre salé drôlement baratté pour cause de vache musculeuse au pré- Tout prenait pour ainsi dire corps, dans l'élégance discrète d'un nouveau jour, lorsque subitement, par la porte-fenêtre de la cuisine donnant sur la terrasse encore toute humide de sa folle nuit, une lueur - limite violente- rencontra le carrelage de l'office du samedi et ce fut ,comme un éblouissement.... "Ouais c'est ça, et ta mère elle fait des confitures sur Neptune ?" Devant moi et mes yeux exorbitants (donc trop chers pour vous) ce qui s'apparentait à priori- (et j'ai bien dit: à priori) à deux gentilles tranches de pain de deux coupées en rondelles de faible épaisseur -mais quand même-s'avancèrent tranquillement et d'une curieuse démarche chaloupée et légèrement enfarinée vers le grille-pain qui venait de vomir sa tendre à mie. Et à ce moment là ,d'une voix flutée , une des tartines, faisant un pas de côté très réussi, et regardant dans les yeux le grille-pain- s'il en avait bien sur- dit à peu près ceci: "On peut voir votre chef?" Ensuite? Et bien, je ne sais plus vraiment... tout s'embrouille encore dans ma tête, la seule chose dont j'étais à peu près sur, c'est que nous étions le samedi 17 juillet et que dans à peine une heure trente j'étais en vacances pour un mois tout cru.... rien ne semblait avoir troublé la cuisine ou chacun était à sa juste place, ou alors peut-être, ce morceau de papier quadrillé posé près du grille-pain et que je n'avais pas remarqué jusqu'alors, et sur lequel je pu lire: "il faut prendre aux gens ce qu'ils veulent bien donner et non pas désirer ce qu'on croit qu'ils deviennent" ...
le temps de reprendre ses esprits et de récupérer le lait qui allait se tirer plein gaz....
et franchement, à ce moment de l'histoire, il arriva à notre héros -qui ne l'été guère- une aventure que d'aucun d'entre-vous et tous réunis pourraient reconsidérer et en résumé d'un lapidaire: