Vendre un film, c’est mentir. Ca peut l’être, tout du moins, pour un distributeur ou un éditeur de DVD qui choisit de faire passer un film pour ce qu’il n’est pas forcément, espérant le rendre ainsi plus attirant aux yeux des spectateurs. Mettre l’accent sur les trois bonnes blagues d’un film pour faire croire que c’est une comédie hilarante, mettre le nom d’un acteur en haut de l’affiche alors qu’il n’a que deux scènes à l’écran… Les techniques de marketing pour pousser monsieur ou madame tout le monde à adhérer au produit que l’on vend n’ont pas de limites. Ce point de vue est plus criant que jamais ces jours-ci.
Il y a quelques jours, je suis tombé sur une affiche étalée sur un kiosque à journaux vantant la sortie en DVD d’un film intitulé The Last Day. Le visuel ? Une ville attaquée par les eaux. L’accroche ? « Après 2012 et Le Jour d’Après ». Si ça, ça ne sent pas le gros film apocalyptique hollywoodien réalisé, ou au moins produit, par Roland Emmerich, c’est que je ne connais pas bien mon abécédaire de film de fin du monde… Après tout, le titre est le premier indice, The Last Day, le dernier jour.
Avant de regarder la vidéo je pensais tomber sur une production direct-to-dvd américaine standard avec dans les rôles principaux, au choix Lorenzo Lamas ou Casper Van Dien. Quelle ne fut pas ma surprise donc de reconnaître rapidement le film dévoilé par la bande-annonce française. J’étais à côté de la plaque. Je me suis laissé berner par la plus flagrante tromperie marketing pour vendre un film pour ce qu’il n’est pas. Car The Last Day n’est pas un film apocalyptique nous contant une possible fin du monde comme 2012 ou Le jour d’après, film avec lesquels il n’a aucune filiation. The Last Day n’est en fait même pas un film hollywoodien… que dis-je, même pas américain.
The Last Day est un film… coréen. Et si je l’ai reconnu si facilement, c’est parce que l’été dernier, en août 2009, j’ai fait partie des 10 millions de personnes à l’avoir vu dans les salles coréennes. Ce film, c’est bien Haeundae, le plus gros succès du box-office sud-coréen en 2009 (avant qu’Avatar ne sorte), dont je vous avais parlé ici même il y a près d’un an. Or Haeundae, pardon, The Last Day, n’est pas un film apocalyptique. Non, point de danger de fin du monde. Certes il s’agit bien d’un film catastrophe, mais tout à fait local, un tsunami à Pusan, la deuxième ville de Corée du Sud et première station balnéaire du pays. Ce que la bande-annonce omet également de préciser, et qui surprendra tous les français qui achèteront le film en DVD, c’est qu’avant d’être un film catastrophe, Haeundae / The Last Day est… une comédie. Une bonne grosse comédie avec des personnages clownesques à souhait, avant que le tsunami ne déferle avec moult effets spéciaux, ceux-là même que l’on voit dans la bande-annonce française. Et même à ce moment-là, le film ne se dépare pas totalement de son humour parodique.
Loin de moi l’idée d’essayer d’enrayer les ventes du film, car il faut l’avouer, Haeundae m’avait franchement diverti et amusé, surtout sur grand écran. Ceci n’est qu’un avertissement aux amateurs de fin du monde à la Roland Emmerich. Attention, The Last Day risque de vous surprendre. Mais vous rirez, c’est certain, même si l’équipe marketing de Wild Side veut vous laisser croire que le frisson primera sur tout (ne leur dites pas que je vous l’ai dit)…