C'est Claude qui a relu les trois tomes des Mémoires de Guerre pour nous.
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Soyons clairs : quelque soient vos convictions, vous n’en sortirez pas indemne.
De Gaulle, c’est à la fois un souffle épique (« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France ») et un humour décapant, même le 17 juin (de Lebrun : « il voulait être un chef d’Etat, encore eût-il fallu qu’il fût un chef, et qu’il y eût un Etat »), c’est aussi un conteur de talent : on ne peut lâcher le livre, parce que la construction du récit, très professionnelle, vous tient toujours en haleine.
Peut-être les portraits des grands contemporains sont-ils les passages les plus admirables : Staline, qui fait froid dans le dos, Hitler, créature de l’après guerre, et qu’il crédite, pour sa descente en enfer, d’un horrible courage, Mussolini, jouet des évènements, enfin ses deux alliés terribles que furent Churchill et Roosevelt, chefs à la hauteur de leur mandat historique, mais aussi pleins de duplicité. Les historiens se sont efforcés d’atténuer cette « guerre de tranchées » qu’a été la relation avec les Anglo-saxons ; le Général, au contraire, n’en cache rien. Partout, toujours, la volonté de puissance des Etats-nations l’emporte : il n’y a pas d’idéologie ni d’affectivité qui tienne devant cette dure réalité.
Quelques éléments surprenants : d’abord l’humanité profonde de Charles de Gaulle, vrai chrétien, même si sa tâche de soldat et de chef d’Etat lui impose retenue et réalisme. Lisez bien, dans le troisième tome, les développements consacrés à la misère du Peuple français en 1944. Non, décidément, De Gaulle n’était pas un vrai homme de droite, et il expose avec fierté les nationalisations et la politique sociale de son Gouvernement.
Et qui a dit que le Général n’était pas européen ? Après 58, il c’est lui qui confirmera la signature de la France au Traité de Rome, fondateur de l’Union, et on comprend pourquoi dans les Mémoires, avec notamment sa vision de la construction économique de l’Europe sur la base de l’entente franco allemande.
P.S. Pour moi, qui avoue ne pas avoir lu les Mémoires de Guerre, l'ouvrage évoque aussi le travail de reliure que mon père réalisa sur l'édition brochée publiée chez PLON, achevé d'imprimer le 10 novembre 1959 (troisième tome), avec des dos de couleur bleu, blanc et rouge, en cuir grainé et plats de sycomore, qui trouvaient leur place entre les douze tomes des mémoires de Winston Churchill, également reliés par mon père, et qui figurent, toujours au même emplacement, dans un des rayons de notre bibliothèque historique du Calfour.....