ASK THE DUST
( DEMANDE À LA POUSSIÈRE )
Pas gagné au début, récompensée au final, voilà comment je pourrais résumer mes impressions en deux lignes.
Ce livre, à chaque fois que je devais me replonger dedans, je sentais une réticence, un manque de motivation, et pourtant, une fois dedans, il m'était difficile d'en sortir.
L'intrigue n'est pas ce qu'on qualifierait de palpitant ni de haletant, mais cet auteur imprègne la vie dans ce qu'il écrit et a un style désarmant de force dans sa simplicité.
C'est une histoire au premier abord banale, ordinaire, limite classique (une variante de A aime B qui aime C, impliquant un pauvre hère d'ascendance italienne aspirant à devenir écrivain et une serveuse mexicaine). Quand j'ai lu la quatrième de couv', je n'étais pas persuadée d'avoir fait le bon choix de roman vu le thème (je voulais commencer par Mon chien stupide pour découvrir Fante), mais l'enthousiasme d'un ami pour très précisément ce livre m'a finalement décidée. Et maintenant je comprends le "phénomène" Fante!
L'excellente préface de Charles Bukowski expliquera mieux que moi ce qui fait de Fante un pur plaisir de lecture. C'est une immersion totale dans un univers décoiffant, sans l'aide d'aucune bourrasque stylistique.
"Nothing that I read related to me or to the streets or to the people about me. It seemed as if everybody was playing word-tricks, that those who said almost nothing at all were considered excellent writers. [...] (rows and rows of exceedingly dull books) One had to go back to the pre-Revolution writers of Russia to find any gamble, any passion.[...]
[...]Then one day I pulled a book down and opened it, and there it was. I stood a moment, reading. Then like a man who had found gold in the city dump, I carried the book to a table. The lines rolled easily across the page, there was a flow. Each line had its own energy and was followed by another like it. [...] And here, at last, was a man who was not afraid of emotion. The humour and the pain was intermixed with a superb simplicity. [...] The book was Ask the Dust and the author was John Fante. [...]
[...] Fante was my god."
Sa prose ici m'a bien donné envie de le lire lui aussi (hé non, jamais lu de Bukowski encore...). Pour moi, ces auteurs sont emblématiques de toute une époque, un peu comme ces vieux films américains, il s'en dégage une certaine authenticité, un charme perdu qu'il fait du bien de retrouver de temps en temps.
Le style de Fante est sobre, vraiment très agréable à lire, il parle simplement des choses mais c'est toujours percutant. Son personnage, Bandini, a une propension à s'illusionner qui le rend dramatiquement drôle. La façon dont ce dernier se fait des films, par exemple, sur son statut de grand écrivain, est truculente, c'est drôle et triste à la fois, on ne peut manquer de s'attacher à lui et de le trouver touchant.
J'ai particulièrement adoré aussi les échanges envolés entre Camelia et Bandini, quels sacrés tempéraments tous les deux! Ci-dessous un extrait d'un passage qui m'a bien fait rire, quand Bandini décide de laisser son unique nouvelle à Camelia en l'accompagnant d'un message et qu'il change d'avis sur son contenu:
"To a Mayan Princess, from a worhtless Gringo." This seemed right, exactly the correct spirit.
I flattened the magazine on the bar and erased the inscription to the Mayan Princess. In place of it I wrote:
"Dear Ragged Shoes,
You may not know it, but last night you insulted the author of this story. Can you read? If so, invest fifteen minutes of your time and treat yourself to a masterpiece. And next time, be careful. Not everyone who comes into this dive is a bum.
Arturo Bandini"
Très joli moment de lecture qui m'a arraché bien des sourires, très belle découverte d'un auteur dont je lirai certainement d'autres oeuvres, et un grand merci à Valy-Christine qui m'avait recommandé Fante comme susceptible de me plaire (bingo!) dans un de ses commentaires sur ce blog.
Lu dans le cadre du défi
(DAL 2010 - 4 / reste 11)
(tssss... j'en serais à DAL 2010 - 5 si j'avais lu G&P comme tout le monde
)