Poursuivons sur notre note aquatique, entamée ce...

Publié le 16 juillet 2010 par Mmepastel

Poursuivons sur notre note aquatique, entamée ce matin…

J’ai fini Les Monstres de Templeton de Lauren Groff, née en 1978 (je peux à peine le croire). 

Bref. Ce fut un beau moment de lecture, et drôle, ce qu’ils avaient omis de dire sur le quatrième de couverture. Tant mieux, ça m’a agréablement surprise.

L’histoire est complexe et construite d’une manière éclatée, se jouant de la chronologie pour reconstituer celle d’une généalogie d’une famille attachée à tout un village américain, Templeton. C’est donc un genre de saga des origines, où les fantômes et les voix du passé ne cessent d’affluer autour du centre névralgique qu’est le lac et Glimmerglass son monstre bienveillant.

L’histoire prend parfois des allures d’enquête, plutôt haletante d’ailleurs, lorsque l’héroïne Willie se pique, revenue dans son village natal et dans la maison de sa mère Vivienne, de découvrir l’identité de son père, qu’elle ignorait jusque-là grâce aux mensonges évasifs de sa mère. Et pour moi, c’est là qu’est toute la beauté et la drôlerie de ce livre : dans les relations brutes mais aimantes de cette mère et de sa fille. Ces deux-là ne se font aucun cadeau et s’envoient leurs quatre vérités à travers la figure tous les trois matins, mais, comme une deuxième onde, l’amour et les non-dits affluent tout autant.

Les personnages féminins sont de loin les plus réussis. Willie, en crise, de retour au bercail le coeur brisé et le ventre plein d’une “crevette” dont elle ne sait que faire ; Vi, désabusée, qui après avoir été hippie, s’amourache d’un révérend pas très rigolo ; Clarissa, l’amie de Willie, gravement malade mais pleine d’un humour dévastateur ; Hazel Pomeroy, la bibliothécaire malicieuse qui dédie sa vie à reconstituer les secrets de la ville…

Une saga bien ancrée dans les terres de ce bout d’Amérique que les migrants se sont accaparées. Mais un récit libre, qui bouscule ce qu’il veut, quand il veut. Qui donne la parole au monstre, ou aux fantômes, s’il le veut. Qui met des photos des ancêtres, s’il le veut.

En résumé une plongée dans une lecture réjouissante, dont on ressort ému et souriant, en cherchant machinalement des doigts un bout d’algue qu’on aurait peut-être attrapé dans les cheveux.

Musique : By The Lake, CallMeKat ; photographie via fairytalesandfrills.