d'Albert Drandov et Franckie Alarcon
Bande dessinée - 90 pagesEditions Delcourt - janvier 2010
Basé sur des témoignages recueillis auprès des anciens civiles appelés ou militaires ou familles de ceux-ci, Au nom de la bombe est un ouvrage d'intérêt public, un album qui se charge de raconter l'Histoire secrète eAfin d'instaurer sa puissance militaire nucléaire, la France a organisé entre 1960 et 1996 des explosions de bombes atomiques, encore appelées "essais nucléaires". D'abord dans le Sahara algérien puis en Polynésie à Moruroa et Fangataufa. Des manoeuvres militaires secrètes qui utilisèrent les soldats, les civils ou les autochtones comme cobayes pour étuder les effets psychologiques et physiques des radiations. Depuis, les récits des appelés tardent à se faire entendre. Maladies, morts, ces explosions ne furent pas anodines et l'environnement des lieux des explosions non plus, même si les soldats mal informés n'en mesurèrent pas la gravité.
On est estomaqué par l'accident et les douches interminables auxquelles les irradiés doivent se soumettre, l'étude de l'impact des essais sur le moral des cobayes, la conclusion de "maintenir la troupe dans l'ignorance des doses de radioactivité reçues", le renvoi du civil qui avait une trop grande conscience sociale ou des maîtres-pilotes qui firent grève, gênés dans leur foi chrétienne, l'instauration d'"exutoires flottants" (= bordels pour militaires)...Difficile de ne pas penser aux employés d'Areva dans les centrales nucléaires françaises, notamment à La Hague, qui sont régulièrement en contact (à des doses "maîtrisées" bien évidemment) avec la radioactivité ; on tremble aussi à l'idée de l'ampleur sûrement mal maîtrisée, sous-estimée, dissimulée, du problème posé par le traitement des déchets nucléaires et des rejets dans la Manche....Un album très ensoleillé par son décor mais très sombre par ses révélations.
Une bande dessinée radioactive", par Marlon De Letto - LeMonde.fr
"Déchets, le cauchemar du nucléaire" - YouTube - Arte