Jean Philippe, Directeur général du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, profondément attaché au territoire, nous livre un superbe témoignage sur les arènes de Vic-Fezensac.
« Mon endroit préféré dans le Gers, c'est les arènes de Vic-Fezensac. J'aime l'afficcion gasconne, cet enthousiasme pour les fêtes taurines. Pour le nîmois de naissance que je suis, la découverte de cette tradition au cœur du Gers m'a d'abord surpris, puis séduit. Et cette place de toros a quelque chose d'unique. Le parti-pris d'y présenter les bêtes les plus imposantes, les plus impressionnantes, et de valoriser le premier tiers, celui de la pique, celui qui met en valeur les qualités de l'animal donne à ces arènes une place et une dimension particulière dans le monde tauromachique. À Vic, les toreros sont par nécessité modestes, ils doivent posséder une technique et une expérience exceptionnelle. Des Meca, des Fundi, des professionnels profonds, au geste sûr mais austère y ont fait briller leur art. Vic est une place vraie, à l'image du Gers, une place authentique où on ne triche pas. »
A peine ai-je lu le dernier mot de cette réponse à mon enquête que déjà l’envie d’aller voir ces fameuses arènes me titillait. Et pourtant, je n’aurais, je pense, sans cela, jamais songé à aller voir cet endroit surtout que je n’ai jamais participé à une manifestation taurine, même du temps où j’habitais sur Arles. Monsieur Philippe par son écrit authentique et passionnant, a réussi à me convaincre.
Bref. Ni une, ni deux, j’ai après cette belle lecture, consulté mon grand ami le moteur de recherche : « Visiter les arènes de Vic-Fezensac » en mots clés ont suffi. Je suis directement tombée sur le site de l’office du tourisme qui indiquait que les visites se faisaient uniquement le mardi et sur rendez-vous. Etant en congés le mardi qui suivait, j’ai envoyé un message électronique pour savoir si c’était possible ce jour là mais – et je m’en doutais – il fallait être une dizaine de personnes pour que la visite guidée ait lieu. C’était donc remis et on me recontacterait dès que possible. Il y a quelques jours, un message m’informait qu’une visite réunissait suffisamment de monde, j’y suis donc allée mardi matin à 10h en compagnie de ma maman, mon calepin, mon stylo et évidemment mon appareil photo et surtout beaucoup d’enthousiasme car j’allais découvrir les coulisses d’un univers que je ne connaissais pas puisque je n’ai encore jamais assisté à une corrida, une novilladas ou autres manifestations taurines.
La visite a été tout simplement passionnante. J’y ai découvert brièvement l’histoire de la tauromachie à Vic. Tout a commencé à la fin du XIX e siècle. A cette époque, une société de courses de Taureau organisait des événements dans des arènes démontables sur la place du Foirail de la ville. D’années en années, les courses landaises et novilladas se succèdent. En 1929, ces arènes démontables tombent littéralement en ruine. A force de demandes, la municipalité accepte de construire des arènes à une condition : tous les membres de la société en question investissent chacun 15 000 francs de l’époque. Ils acceptent et en 1931, les arènes sont construites et peuvent accueillir 3500 personnes. Cette même année naît le Club Taurin Vicois.
Ce furent des Novilladas qui étaient organisées devant une énorme foule. Mais qui dit arènes, dit corrida. L’envie de faire de la corrida à Vic s’est fait sentir. Le club taurin vicois a donc rencontré des spécialistes pour apprendre les rudiments de la corrida et comment l’organiser. Et en 1932, alors que les arènes peuvent désormais accueillir 5900 personnes, la première corrida vicoise a lieu et elle se répète chaque année jusqu’à la seconde guerre mondiale. Elle reprend en 1947 sans interruption jusqu’à aujourd’hui sauf en 1968. Il y a 20 ans, les arènes ont subi les dernières modifications en date et comptent maintenant 7000 places.
Durant la visite, nous avons découvert, devant les arènes, sur la placette où se trouve leur grande porte d’entrée, une magnifique statue de bronze qui a été réalisée en 1989 et qui est à l’effigie d’un certain Ruiz Miguel, un des grands toreros de son temps qui a aujourd’hui 61 ans. C’est son ami, le sculpteur Manuel de la Fuente, très connu, qui a réalisé cette sculpture. On dit que cet artiste avait initialement sculpté dans de la mie de pain. Il a réalisé cette œuvre à la fonderie de Madrid dans ces 2 tonnes 500 de bronze représentant la mort du taureau sans oublier le moindre détail : de la muleta, en passant par le numéro gravé dans la peau du taureau (ici 66) qui est un indice concernant l’origine de l’animal ainsi que le symbole de son élevage marqué dans le haut de sa cuisse.
Nous avons ensuite déambulé dans « les coulisses des arènes » découvrant d’abord de l’intérieur la grande porte d’entrée carrée d’où arrive toute la quadria (c'est-à-dire l’équipe du torero) avec les chevaux. A l’extérieur, on ne l’apercevait pas très bien en raison de la présence d’un double portail aux couleurs de Tempo Latino, le festival qui prendra lieu prochainement dans la ville. J’essayais malgré moi d’imaginer tout ce beau monde entrer dans l’arène …
Moment intrigant, il y a dans toutes les arènes où se déroulent des corridas, des petites chapelles. Les arènes de Vic ont aussi leur chapelle, modeste certes, mais c’est le lieu de recueillement de tous les toreros qui passent par là avant d’entrer sur la piste.
Cette piste de 40 mètres de diamètre était ce que j’attendais de voir le plus car c’est là que le spectacle a lieu, c’est à cette endroit que tous les yeux sont rivés. Nous avons pu, en passant entre les murets de bois – autant vous dire que je sais pourquoi les toreros ne sont pas très épais vue la largeur du passage ! – fouler ce sable qui vient des Landes et dont le dosage est parait-il très minutieux car il doit être à la bonne hauteur pour les acteurs de la piste : le torero, le cheval, le taureau.
Tout autour de la piste se trouve le Callejon où évolue toute la quadria. Et il y a aussi ces portes d’où surgissent les taureaux.
Il y a même une infirmerie. Mais il était absolument hors de question de la visiter. Lors des manifestations, qui sont tout de même à haut risque, se trouvent dans cette infirmerie au moins un chirurgien et une équipe médicale, les lieux doivent donc être préservés du public.
Les arènes et ses coulisses ne semblaient plus en finir. Passage dans le patio des sorteo où se déroulent les tirages au sort des toreros qui déterminent quels taureaux ils vont affronter. Puis, nous voici dans ce qui est appelé « corrale », il y en a beaucoup. Ce sont les endroits ou sont stationnés les taureaux. Dans certains « Corrales » les taureaux sont nourris par des personnes qui déambulent au niveau des passerelles situées en hauteur.
Ces taureaux sont débarqués par une porte qu’on trouve en hauteur à l’extérieur car elle s’aligne avec la hauteur des camions. Un jeu de porte permet de disperser les bêtes mais ce débarquement prend en général beaucoup de temps. Les animaux ne sont pas de but en blanc abandonnés à eux-mêmes une fois là, c’est toujours leur éleveur qui vient et s’en occupe car il les maitrise beaucoup mieux que quiconque. Nous avons pu accéder aux passerelles qui sont ouvertes en partie au public quelques jours avant les manifestations taurines et permettent de pouvoir voir les taureaux dans les corrales. Ce sont toujours les taureaux les plus puissants qui sont choisis
Ca a vraiment été une découverte pour moi, il ne manquait plus qu’une chose, que le spectacle commence et qu’on sente l’ambiance unique dont parle Monsieur Philippe, et même si j’ai encore des réticences concernant la corrida, j’avoue être de plus en plus intriguée et il me tarde de pouvoir aller en voir une, dans ces arènes là que je connais des coulisses aux gradins maintenant, dès que possible.
J’ai encore, d’ailleurs, beaucoup de choses à apprendre sur le sujet en flânant sur le site du Club Taurin Vicois :
http://clubtaurinvicois.ex-flash.com/