Timide, modeste, maladroit parfois, c’est un nouveau sélectionneur touchant que vient de découvrir la France. Portrait d’un Cévenol presque authentique, tout simplement.
Pour succéder au Domenech show, la production n’a pas hésité longtemps. Il fallait un homme avec au moins autant de qualités, mais davantage de défauts car le public avait fini par se lasser d’un personnage pas assez fouillé. Trop redondant, il était finalement devenu trop prévisible. Le peuple doit s’agacer, mais jamais il ne doit détester.
Le seul homme à correspondre au portrait ne pouvait donc être que Laurent Blanc. Son parcours, sa saison, sa communication ont fait de lui un être protéiforme mais suffisamment sympathique dans l’imaginaire collectif pour que l’on ait l’impression qu’il fasse l’affaire.
Pas question pour autant de déroger à certains principes immuables:
Un palmarès. Il faut d’abord avoir fait ses preuves mais pas trop. Ainsi Domenech avait un titre en D2, Blanc en a un en Ligue 1.
Une image. Ray aimait se faire affubler du doux surnom de boucher sur le terrain, Lolo est au contraire le roi du fair-play, incapable du moindre geste déplacé, déplacée comme aurait pu l’être une mâchoire croate un soir de 98.
Un caractère apaisant et réfléchi. Laurent Blanc, c’est le calme incarné, la lucidité habitée. Un homme toujours capable de prendre la bonne décision au bon moment. Pragmatique, il a su arrêter les Bleus à temps en l’an 2000. Jamais il n’aurait été ridiculisé par Crespo un soir de 99. Lucide et désinteressé, il l’a été suffisamment pour faire le choix de l’ambition, lorsque Naples a requis ses services. Maradona, la coke et les titres étaient bien sûr partis mais pas le tiroir caisse.