De quoi ça cause alors, Dustland ? D’une poignée de personnages qui par un concours de circonstances, vont voir leurs chemins se croiser près de la frontière suisse. Il y a un couple de musiciens et leur manager devant donner le soir même un concert ; une jeune fille fan de ce groupe cherchant à se rendre au concert en faisant du stop ; un vieil homme transportant les cendres de sa défunte épouse ; un jeune routard à vélo vagabondant dans les environs. Et il y a Ellen et Jim. Ellen l’infirmière amoureuse de Jim le patient, qu’elle a fait évader de l’hôpital psychiatrique. A cause d’eux, la région est bouclée. A cause d’eux, tous vont se retrouver ensemble, le temps d’une soirée, dans une ferme locale.
Un film choral pour un court-métrage, c’est audacieux, et risqué. Lorsque j’ai vu tous ces personnages apparaître les uns après les autres avec la promesse qu’ils se télescopent, j’ai eu un peu peur. Je n’ai rien contre les films à personnages (principaux) multiples, mais je trouve déjà qu’1h30 est souvent trop peu pour un tel choix narratif, alors une petite demi-heure pour une bonne demi-douzaine de personnages, le risque de ne faire que les effleurer est grand. La qualité de Dustland, étonnamment, est de ne pas vouloir trop en faire et de ne pas se donner plus d’ambition qu’il n’est possible pour cette tâche ardue.
Je suis le premier à apprécier un film se laissant bercer d’une atmosphère mélancolique exprimée en musique, mais je suis également le premier à m’en agacer lorsqu’on en abuse (Cameron Crowe, c’est une des raisons pour lesquelles tu as foiré Rencontres à Elizabethtown !). Aussi bonne que puisse être la musique employée dans Dustland, elle est trop présente. Ce que je trouve regrettable, car lorsqu’elle délaisse son couple en cavale d’infirmière / patient qui jouent les nunuches à l’eau de rose en batifolant dans la paille (sérieux Leah, qu’est-ce qui t’est passé par la tête là ?), les dialogues savent se montrer justes et savoureux, particulièrement lorsqu’il s’agit d’apporter un zeste d’humour.
Allons, laisser la musique transcrire les mots et les émotions n’est pas une réponse absolue, il faut savoir s’en affranchir et prendre confiance dans son écriture. Lorsqu’elle aura dompté ce travers, et la naïveté suspecte de ses scènes d’amour, j’ai bon espoir que mademoiselle Marciano trouvera un langage cinématographique plein de promesses. La suite au prochain court-métrage…