Elle étale son écharpe sur l’herbe roussie, s’assoie et ouvre un roman qu’elle lit, fluide et délicat. Elle tourne les pages tout en mangeant, sans vraiment y penser, son sandwich thon-mayonnaise industriel à l’arrière gout de papier mâché. Devant les pompotes à boire, une hésitation. La seule de la journée. Pomme-vanille ou pomme-fraise ? Elle ferme les yeux et prend sans regarder.
La limpidité écrasante de sa pensée a surgit vers 3H du matin : c’est en touriste qu’elle visite son existence. Un peu comme une sortie au musée qu’on ferait un dimanche sous la pluie. Histoire de tuer le temps.
Alors elle son passe son temps a le tuer ce foutu temps et les jours défilent, de semaines en semaines et elle ne s’y accroche jamais. A quoi bon puisqu’un autre été succédera à celui-ci et encore un autre, et ainsi de suite jusqu’au jour où, en définitive, elle sera moche et ridée, croupissant dans un asile de vieux, tout ça parce qu’elle n’aura pas assez cotisé pour espérer avoir une retraite décente.
sans espoir la vie perd de sa valeur et sans désespoir on ne peut avoir une certaine idée du bonheur.
La pensée est partie, comme toutes les autres d’ailleurs, il ne reste plus que la pendule qui égrène les minutes puis les heures, monocorde et sans saveur.
La belle au bois dormant replie son écharpe, se lève et s’en va.