Sciences : du nouveau sur notre rapport à l’Homme de Néandertal ; réponses génétiques incroyables !

Par Ananda

Une question-mystère que l’on se posait depuis assez longtemps. Entre nos lointains ancêtres et l’Homme de Néandertal, les croisements viables étaient-ils possibles ?

Voici quelques années, des recherches génétiques qui avaient fait grand bruit menées par l’équipe du savant Svante Paabo à l’Institut Max Planck de Munich en Allemagne avaient tendu à accréditer assez vigoureusement la thèse selon laquelle les patrimoines génétiques des deux groupes humains étaient trop distincts pour qu’il y ait eu la moindre interaction, et que, donc, les deux groupes avaient de fortes chances d’être, en réalité, deux espèces distinctes, dénuées d’interfécondité.

Et bien voilà, crac, les recherches ayant continué, on revient à présent là-dessus !

La science exclut toute installation dans le confort des certitudes.

Ici, c’est un peu le scoop, le choc : il n’y a pas très longtemps, en mai 2010, voici que l’on apprend, grâce et par la même équipe de Svante Paabo, qu’aussi improbable que cela puisse nous paraître, on avait apparemment parlé beaucoup trop vite.

« Ceux d’entre nous qui vivent hors d’Afrique portent un peu d’ADN de Néandertal en eux »(Svante Paabo). Mieux encore : « la proportion de matériel génétique héritée de Néandertal est d’environ 1 à 4 % » surenchérit David Reich, autre participant à l’étude qui déclenche cette vague de surprise.

L’étude en question a porté sur des génomes en provenance d’ossements néandertaliens récoltés par les paléontologues dans divers pays d’Europe, et de toutes nouvelles méthodes de rassemblement, séparation et séquençage de l’ADN ont été, à cette occasion, utilisées.

En comparant ces séquençages à celui de 5 de nos contemporains originaires de trois continents différents (Afrique, Asie, Europe et Nouvelle-Guinée), les scientifique ont réussi à isoler 5 gênes qui ne se retrouvent que dans le génome néandertalien et lui seul. Assez curieusement, 3 d’entre ces 5 gênes concernent la peau et, selon S.Paabo, suggèrent que « quelque chose dans la physiologie ou la morphologie [de cette dernière] a changé chez les humains » !

Si les résultats de cette extraordinaire découverte venaient à se confirmer, trois conclusions s’imposeraient :

1)nous sommes bel et bien liés à cette population d’Hommes fossiles,

2)l’absence constatée de liaison génétique chez les sujets d’origine africaine de l’expérience non seulement tendrait à confirmer l’origine africaine de notre groupe, mais encore  incline les spécialistes à penser que le « mélange » des populations sapiennes non africaines avec Néandertal daterait de cette période très ancienne (entre 80 et 100 000 ans) qui avait vu (cela, on le sait grâce à des fossiles), au Proche-Orient, la rencontre des Hommes modernes venus d’Afrique avec les populations néandertaliennes établies à cette époque plus au sud de leur territoire originel et sans doute chassées d’Europe par des périodes de glaciation trop rudes.

3)de ceci découle – logiquement – que ce sont les descendants des mêmes Sapiens, de ceux qui se livraient voici 100 000 ans environ à des incursions plus ou moins longues au Moyen-Orient, qui, il y a environ 60 000 ans cette fois, ont entamé la toute première vraie migration « out of Africa » en longeant probablement les littoraux de l’Asie du sud pour finir par arriver jusque sur le continent australien et qui, encore plus tard, aux environ de 40 000 ans, ont entamé une nouvelle migration qui, peu à peu, les a conduit en Europe/Asie.

Voilà, en tout cas, une découverte qui risque d’à nouveau révolutionner notre vision de la préhistoire et de nous-mêmes (dans la mesure où nous ne sommes pas purement originaires de l’Afrique Noire) !

P.L

Source : site de La Tribune de Genève.