En y réfléchissant, nous avons parfois la désagréable impression que l'idéal du XXIe siècle est pire. La sauvagerie.
L'homme idéal que nous présentent nos décideurs est un homme préhistorique.
Prenons quelques exemples :
Le langage. Depuis le début de l'humanité, l'homme s'évertue à développer son expression. Il fait des bruits avec la bouche et des signes avec les mains. Il parle, il écrit et structure sa pensée. Le langage qu'on nous propose aujourd'hui ne progresse plus; il régresse. Le langage texto, le langage footballeur, le langage chanson sont des langages simplifiés. Rien de snob dans cette remarque mais juste l'analyse d'un danger dont on ne se soucie pas suffisamment. Bien-sûr que le langage doit évoluer et que nous ne parlons plus comme au XVIIe siècle. Mais nous ne parlons pas moins bien. Une société qui ne sait plus s'exprimer est une société qui ne sait plus penser. Langage et pensée vont de pair. Benoit XVI rappellait lors de son discours aux Bernardins à Paris que les moines copistes, les moines créateurs d'université, les moines chercheurs avaient développé la culture occidentale pour une raison simple : ils cherchaient la connaissance de Dieu. Le langage, la culture sont nécessaire à notre espérance. Notre quête de sens, notre recherche de Dieu, notre besoin de paix et de compréhension de l'autre passent par le langage. Alors enseignons.
Le corps. La Genèse nous apprend qu'à la suite du péché originel, Adam et Eve virent leur nudité et eurent honte. Tous les livres de la Torah qui suivent présentent au peuple hébreux les enseignements de Dieu sur le corps, la naissance des interdits, la lumière de l'amour pour lui permettre de découvrir ce Dieu dont l'homme a douté et ne plus avoir honte. La liberté, le respect, la monogamie, la fidélité, l'amour transcendant sont des commandements de Dieu. Lorsque la polémique sur la pédophilie dans l'Eglise est née, personne ne s'est souvenu que la pédophilie est justement un interdit judéo-chrétien fondé sur ses valeurs de respect, de liberté et d'amour. Le chemin qui nous conduit vers la sexualité et l'amour chrétiens est un chemin semé d'embûches rarement emprunté en ligne droite mais peu importe, c'est le chemin vers lequel tendent les millénaires d'évolution. Aujourd'hui TF1 nous montre un autre chemin lorsqu'il lance une chaine dédiée aux douches de Secret Story "Shower TV" pour permettre au téléspectateur de voir 24/24 des fesses mouillées et savonnées. Les chanteurs et même les ministres nous parlent de sexualité comme l'homme de Néandertal en parlait à son fils. Alors éduquons.
L'argent. Il fut un temps où le chasseur devait se méfier, car dans la forêt les prédateurs l'attendaient pour lui voler la proie qu'il venait de tuer. Puis les hommes ont inventé les monnaies, l'argent pour permettre des échanges paisibles et rémunérer le travail à sa juste valeur. Jésus a enseigné cet argent qui se donne, cette richesse qui se partage, ces talents qui se méritent. L'affaire Bettencourt nous montre que nous avons encore du boulot. Une vieille dame immensément riche mais simple et généreuse fut la proie de charognards; chaque jour qui passe présente un nouveau charognard. Notre rapport à l'argent est complexe. Il est passé d'un moyen de construire le monde de tous à un moyen d'assouvir ses propres désirs. L'argent égoïste est une prison dans laquelle nous nous enfermons tout seuls; l'argent partagé est un paysage infini de liberté dans lequel nous pouvons courir. Alors apprenons.
Il y aurait beaucoup d'autres signes de la régression préhistorique de notre société et chaque lecteur aura le sien. Ce qu'il faut retenir est que nous devons effectuer un virage à 180° et viser l'homme post-historique, l'homme qui se transcende, l'homme qui s'unit à Dieu.
Depuis des millénaires, l'homme découvre son intelligence. L'homme a une âme, une intelligence et une orientation à l'amour. L'homme a été créé à l'image de Dieu. Il ne peut l'oublier sous peine de vivre comme un animal perdu dans la forêt qui a peur de tout ce qui l'entoure.
Beaucoup croient que faire n'importe quoi est une liberté; ils se trompent. Ils font l'expérience chaque jour de leurs contraintes, de leurs angoisses, de leurs enfermements. La Vérité du Christ rend libre, nous rappelle saint Jean. C'est en effet dans l'écoute des commandements de Dieu, dans la poursuite de l'évolution positive commencée par son peuple réuni autour d'Abraham, dans ce long chemin de maîtrise de soi, de paix, d'amour que se trouve la liberté. Celle qui fera de nous des hommes qui n'auront plus peur de leur nudité, de leurs différences et des animaux qui les entourent.
Passons du gourdin à l'icône, passons de l'instinct à l'intelligence et ré-enchantons le monde.