Il suffisait d’une étincelle... Alors que les Inhumains, sous l’impulsion d’un Flèche Noire vindicatif, ont quitté la Terre pour s’installer sur les ruines des mondes krees (dont ils sont originaires), Vulcan cherche toujours à étendre les frontières de l’empire shi’ar dont il a évincé la Majestrix Lilandra. Forcément, il ne faudra pas grand chose pour que la guerre ouverte éclate entre le mutant mégalo auquel seul son frère Alex Summers a réussi à résister (en s’alliant aux rebelles Starjammers) et le roi des Inhumains et souverain autoproclamé des Krees. D’autant que les nouveaux Gardiens de la Galaxie, alertés par Warlock, cherchent à empêcher un nouveau conflit cosmique qui, après la vague d’Annihilation et les Phalanx, risquerait de détruire définitivement le tissu de l’espace-temps, déjà instable.
Quant à Richard Rider, dépossédé de la Nova Force par un World-Mind devenu paranoïaque, il a retrouvé de quoi revenir au premier plan en héritant des bracelets quantiques de feu Quasar. Mais il est trop tard pour empêcher les tout nouveaux Centurions d’entrer à leur tour dans la Guerre des Rois…
Une chronique de Vance
Alors que les récits mutants stagnent désespérément et que grondent les nouveaux grands événements censés bouleverser la sphère Marvel, les récits publiés dans cette revue ont toujours su m’enthousiasmer. Conflagrations cosmiques, ambiance profondément SF, personnages bigger than life avec des egos surdimensionnés et des pouvoirs dévastateurs, humour bon teint et dessins sachant rendre l’ampleur des espaces autant que la tragédie. Abnett & Lanning ont su s’approprier un univers aussi vaste que dense, riche de diversités culturelles et ethniques qu’ils ne craignent pas d’exploiter jusqu’à la dernière goutte, voire de détruire pour mieux les reconstruire. Ces deux-là jouent avec les civilisations planétaires avec délectation et cette maîtrise intègre des éléments constitutifs qui leur vaut tout mon respect. A l’instar des grands écrivains actuels de space opera, ils savent que pour mieux dépeindre une race extraterrestre, quoi de mieux que la placer devant la menace d’une éradication totale ?
Cette fois-ci, officiellement, la guerre est déclarée. Annoncée à grands renforts de préludes (pour une fois intéressants, et prenants), on y entre de plain-pied avec les deux premiers épisodes de la mini-série. Paul Pelletier est aux crayons et son style s’avère convenir aux désirs de grandeur du duo de scénaristes. L’encrage et les couleurs nous rapprochent davantage de la saga du cristal de M’Kraan où les X-Men, dépeints par Byrne et Austin, affrontaient déjà la Garde impériale shi’ar. Les personnages y perdent un peur de leur stature, cela dit, mais le style vif et dynamique convient aux nombreux combats. L’autre petit reproche est que ça va vite, trop vite (un peu le même constat que pour la série Civil War, d’une densité extrême forcément frustrante) : on en avait perdu l’habitude tant les précédents arcs avaient pris le temps de s’installer avant de nous éblouir par de hauts faits à chaque épisode.
Le volume en lui-même a l’avantage d’être extrêmement cohérent, ce qui est assez rare : les épisodes des Gardiens la Galaxie et de Nova s’intègrent parfaitement au récit principal, on n’a donc pas besoin de fouiller dans d’autres magazines pour lire ce qu’il advient des protagonistes. On regrettera la manière un peu abrupte avec laquelle l’équipe dissolue de Star-Lord décide de mettre les pieds dans le plat diplomatique et les ficelles utilisées pour scinder l’équipe : sur le coup, ça manque de nuances, mais on suppose qu’il fallait absolument tout mettre dans un seul épisode pour faire tenir l’ensemble. L’enquête sur l’Eglise Universelle de la Vérité (dont on sait désormais qu’elle détient un étrange cocon semblable à ceux dans lesquels se régénère Adam Warlock) est mise de côté le temps d’une algarade dans un bar de Nulle-Part, très malicieusement nommé Starlin (joli hommage au maître des sagas cosmiques Marvel).
Un peu le même sentiment pour la série Nova, avec des graphismes de Sharpe assez plats et un enchaînement de péripéties un peu trop précipité qui conduit à une résolution naïve d’un problème d’importance universelle. Mais le volet sur la participation du Nova Corps à la Guerre des Rois est d’une glaçante lucidité. Et puis on a toujours e droit à quelques dialogues assez savoureux comme dans cette pause pendant laquelle Richard Rider, en possession des bracelets quantiques, discute avec le fantôme de Wendell Vaughn (l’ancien Quasar) et ceux de deux anciens Centurions :
RIDER: Wendell, tu dois savoir qu’ils sont tous les deux morts au combat. Worldmind a juste recréé les personnalités les plus fortes de ses archives.
RHOMANN DEY : J’espère que ça ne vous gêne pas qu’on soit morts, M. Vaughn.
QUASAR : On est tous morts au combat une fois ou deux.
La dernière histoire est un one shot nous permettant de mieux comprendre les actes et décisions de Gladiator et notamment de quelle manière il a scellé son destin au trône de l’empire shi’ar. Les dessins manquent de chaleur mais l’histoire proposée est convaincante et nous dresse un portrait fascinant d’un des plus puissants guerriers de l’univers Marvel.
En bref, la tension proposée par l’alléchante War of Kings permet de mieux digérer cette avalanche de faits d’armes, de coups bas diplomatiques et de massacres. On pardonne assez aisément les inattendues facilités du scénario et on attend la suite avec impatience.
Pour information :
>chronique de Marvel Universe #14
>article complet de Neault sur cet album