A propos de L’Italien de Olivier Baroux 3 out of 5 stars
A 42 ans, Dino Fabrizzi a tout pour être heureux : une femme qui l’aime, un patron qui part à la retraite et lui a laissé entendre qu’il allait le nommer sa place au sein de la concession Maserati de Nice où il travaille… Mais la vie de Dino est bâtie sur un mensonge, une usurpation d’identité dont seuls sa sœur et un de ses amis sont au courant… et complices. Dino n’est pas du tout d’origine italienne, mais algérienne. Il s’appelle en réalité Mourad Ben Saoud mais a dû cacher ses racines pour pouvoir gravir les échelons sociaux. Quitte à mentir à ses propres parents…
L’Italien est une comédie plus profonde qu’on ne pouvait s’y attendre. Le film décrit la trajectoire, en forme de spirale, d’un homme qui toute sa vie s’est enfermé dans le mensonge pour faire croire à ses parents, sa femme, ses amis qu’il était un Autre. Quitte à jouer à chaque fois des personnages différents pour donner le change… Le scénario et l’idée de L’Italien rappellent un téléfilm où jouait Daniel Russie et qui était très réussi : Le doux pays de mon enfance de Jacques Renard (2006).
L’élément déclencheur et qui va rendre « impossible » la vie de Dino-Mourad, c’est la promesse qu’il a fait à son père, malade, de faire le ramadan à sa place. La première réussite de L’Italien est d’être bien construit et rythmé. Les quiproquos et les gags s’enchaînent habilement et sans tomber dans la vulgarité. L’Italien est un film où l’on rit, ce qui n’est mine de rien pas coutume dans les comédies françaises.
La force de L’Italien vient de ses dialogues bien ciselés, de la consistance de ses seconds rôles (Guillaume Gallienne, qui interprète l’ami artiste de Dino-Mourad, Roland Giraud, qui incarne le concessionnaire de Maserati ou encore Valérie Benguigui, qui joue la femme de Dino Mourad) et de la retenue inhabituelle avec laquelle Kad Merad (Dino-Mourad) joue. C’est-à-dire que le film évite un certain nombre de pièges qui lui tendaient les bras grand ouverts comme une vision caricaturale ou démagogique de la difficulté des Français d’origine maghrébine à s’intégrer en France…
Mais L’Italien est plus fin, plus profond que cela, plus intimiste aussi. Filmant du point de vue de Dino-Mourad le ressenti qu’il peut avoir. Le vertige quand tout ce qu’il a construit s’écroule en un instant et qu’il est démasqué. L’Italien sait faire des pauses dans son rythme effréné, ce qui est le propre des comédies réussies. Dans ces moments de décélération, Dino Mourad réalise tout ce qu’il a perdu en même temps qu’il se demande comment il va pouvoir s’en sortir, pris dans l’engrenage de ce qui au départ n’était qu’un « jeu », comme il dit, mais un jeu aux allures de drogue enivrante et qui l’a dépassé.
A part un final trop long et une chute qui déçoit (un peu plate), L’Italien a donc de l’allure et devrait compter sur un succès mérité. Pas sur qu’on s’attendait à autant de classe connaissant le duo Baroux-Merad…
www.youtube.com/watch?v=g-YaupSS1zo