Librairie des abbesses, le 14 juillet. Après une journée de pluies torrentielles, je me suis aventurée à proximité de la maison. Pas trop loin, histoire de ne pas me noyer sous l'orage suivant. Des commerces ouverts, une librairie... Celle-ci, un peu sombre, toujours accueillante, me donne souvent envie de tout y acheter. Pas d'exception à la règle, je suis ressortie avec trois livres. Et j'en ai fini un. C'est long trois heures de transports pour aller travailler mais ça a des bons cotés quand on est en bonne compagnie.Mais revenons en au livre d'Astrid Eliard. Six nouvelles dans celui-ci. Du genre douces-amères. A la limite de l'atroce parfois. Oh, rien de bien grave : des vies humaines, ballotées et des psychoses trainées jusqu'à la nuit de noces.Un petit paradis : Colin et Hélène viennent de se marier. Comme tous les protagonistes de ces nouvelles. Ils voulaient une nuit de noces originale. Colin conduit sa jeune épouse dans sa cabane, en haut d'un grand arbre. Deux amants qui se connaissent peu mais se sont trouvés.L'hôtel du Bois : Julien et Irène sont amis depuis l'enfance, amoureux depuis l'adolescence. Ils ont fait un deal : le mariage contre la nuit de noces. Mais Irène refuse toujours de se laisser aller et traine sa virginité comme un plaisant fardeau.Toujours tout droit : Suzanne et Balthus, beaux, parfaits, petit couple pour albums photos. Condamnés à marcher la nuit de leurs noces : la maison familiale est fermée et ils sont à la porte. Leur chambre est de toute façon envahie. Alors ils fuient vers l'endroit de leurs rêves. La moins effrayante des nouvelles même si là aussi, le mensonge et le doute sont présents.Plus bleu que le bleu de tes yeux : Le narrateur est écrivain. Vieux beau, il se remarie avec une jeunette, Clothilde. Perversité et haine dans ce mariage d'intérêts. Certainement la plus cynique de ces nouvelles. A part ça, il est formidable : Emma et Jean-Paul, le soir du mariage. Il ressemble à Delon. Mais une cicatrice sur sa gorge devient pour Emma la pire des défigurations. La brutalité de la vie et du corps parvient à Emma qui ne vit que d'esthétique. Difficile rencontre. Mon lapin : Isabelle est morte le soir de son mariage avec Émile. Sa sœur lui succède dans le lit... Une histoire banale et triste dans un village de consanguins dégénérés. Vous rêvez un mariage de princesse, votre robe blanche, le happy end etc... Ce n'est hélas que le début de la désillusion pour notre nouvelliste. Ne vous attendez pas à des récits heureux, ici le vers est dans la pomme et les drames en germes se cristallisent la nuit de noces. Les psychoses se révèlent et grandissent chez nos héroïnes. Et nos héros qui ne sont pas en reste pour les écorchures.Une très belle écriture, un peu d'humour, du cynisme, de l'imagination... Ces nouvelles furent un régal ! Mais ça ne me rassure pas !