Alice Miller, officier du génie militaire de la Fédération, est chargée de l’examen des restes de l’Apsalus, le prototype d’un appareil de Zeon détruit dans le Sud-Est asiatique par la 8éme équipe de mobile suits. Mais en réalité Alice Miller est une agent des services secrets qui doit déterminer si Shiro Amada, le commandant de la 8éme équipe, est un espion à la solde de l’ennemi… Son enquête l’amènera à bouleverser les convictions du jeune officier persuadé que même les soldats ennemis ne devraient pas être tués sans nécessité.
Les fans d’animes ont tendance à éviter les films récapitulatifs de séries, pour ce qui me semble être de bonnes raisons : en effet, réduire à une paire d’heures, voire moins, une histoire qui s’étale souvent sur plus d’une douzaine d’épisodes de vingt minutes chacun tient du suicide narratif, pour des raisons évidentes. Les seuls avantages de ce genre de production ne sont généralement que quelques séquences supplémentaires inédites qui sentent moins une réelle volonté artistique que le mercantilisme basé sur une bonne connaissance du fanboy…
Certaines de ces productions, cependant, parviennent à se glisser à travers les mailles du filet pour proposer des ajouts réellement substantiels. Par exemple en rajoutant ou en développant des idées qui enrichissent la narration : la Gundam Movie Trilogy en est un exemple, qui détaille le concept newtype, une des clefs de voute de la franchise. D’autres présentent l’histoire sous un angle différent afin d’en étayer le propos et de l’éclairer sous un jour nouveau, ajoutant ainsi une pierre souvent significative à l’édifice : Macross, Do You Remember Love? en est le parfait exemple.
Miller’s Report tient d’une troisième approche même si elle combine un peu des deux précédemment décrites. Bien que beaucoup trop court, ce film a le mérite d’introduire un personnage supplémentaire qui, par son discours, aura une influence non-négligeable sur le spectateur. Car Alice Miller ne fait pas partie de cette catégorie de représentants de l’autorité qui n’est là que pour faire suer le héros et qui termine généralement en devenant le bouffon de service pour le plus grand plaisir d’une audience simple. A travers un discours assez pertinent au sujet des tenants et des aboutissants de la vie en temps de guerre, elle tentera de dépouiller Shiro Amada de cette espèce de naïveté qui a toujours tendance à faire paraître les héros d’animes un peu stupides. D’abord avec la manière douce, psychologique et féminine, puis peu à peu d’une façon substantiellement plus dure et militaire, jusqu’à ce que…
Mais je ne vais pas vous ruiner le fun, d’autant plus que les choses ne s’arrêteront pas là et que Shiro lui aussi comprendra certaines choses à propos de Miller, même si elles resteront non-confirmées ou presque. Les deux personnages en sortiront grandis mutuellement, pour le plus grand bonheur du spectateur averti et c’est là aussi le signe d’une production réussie. À noter également que ce film court est une excellente introduction à l’OVA de départ : en coupant la plupart des détails concernant les développements et les relations psychologiques, cette version permet de rentrer directement dans le vif du sujet. Car ce sont bien les trois épisodes suivants qui contenteront le mieux ceux d’entre vous qui sont friands de scènes d’action. Celles-là d’ailleurs comptent parmi les plus mémorables qu’il ait été donné de voir sur ce média.
Un réel travail de qualité qu’il serait dommage de rater à mon avis, et, qui sait, cet avant-goût vous donnera peut-être envie de voir l’ensemble de l’OVA après coup…
Notes :
Ce film est une récapitulation des épisodes 1 à 8 (sur 12) de l’OVA Mobile Suit Gundam: The 08th MS Team. Enrichie de séquences inédites, l’histoire introduit un nouveau personnage, Alice Miller, qui enquête sur les liens possibles entre Shiro Amada et la Principauté de Zeon.
Cette réalisation fut diffusée dans les cinémas japonais à la même époque que Gundam Wing: Endless Waltz Special Edition.
Mobile Suit Gundam: The 08th MS Team – Miller’s Report
Takeyuki Kanda, Umanosuke Iida & Mitsuko Kase, 1998
Bandai Entertainment, 2002
55 minutes, pas d’édition française à ce jour
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka