Un 14 juillet à l'ambassade

Publié le 16 juillet 2010 par Copeau @Contrepoints

14 juillet, jour de célébration à l'ambassade de France aux Etats-Unis. Pierre Vimont accueille la communauté française pour la fête nationale. Jour de dépenses, de gaspillages et de ridicule...

Baisser les frais de fonctionnement ?

Nicolas Sarkozy s'est engagé fin juin à « réduire vigoureusement » le train de vie de l'Etat. Déclinaison pratique de cette décision, l'annulation de la garden party de l'Elysée, dont le coût dépassait les 700 000€ par an pour le contribuable.

Les différentes ambassades de France n'ont pas échappé à cet effort, nécessaire au vu des 1500 milliards d'euros de dette publique française. A Madagascar, c'est le nombre d'invités qu'on a réduit de manière sensible officiellement. A Washington, on a supprimé les buffets de petits fours pour les remplacer par des hot dogs bien moins couteux et à l'attrait nettement plus limité (photo ci-dessous).

Des efforts d'économie louables pour réduire le déficit colossal de l'Etat ?

La réalité derrière les apparences

La réalité est malheureusement une fois de plus bien moins reluisante que la vitrine. Prenons l'exemple de Washington : soucieux de présenter un bilan officiel conforme aux ordres de l'Elysée, l'ambassade s'est empressée de faire subventionner l'événement par différentes entreprises, RFI et France 24 (photo ci-dessous).

Seul hic, France 24 comme RFI sont deux organismes à 100% publics. Un tour de passe passe peu discret pour bouger la dépense d'une poche du contribuable à une autre poche.

Et quoi de plus ridicule pour un pays qui entend faire de sa gastronomie une vitrine que d'offrir aux américains invités à son ambassade des hot dogs bas de gamme ? Quelle plus belle illustration d'un pays en faillite qu'un ambassadeur (Pierre Vimont) qui doit se faire offrir les boissons par une marque d'alcool en échange de stands promotionnels dans l'ambassade (Photo ci-dessous) ?

Clairement, la solution aux problèmes de déficit massif ne réside pas dans des réformettes pour économiser des bouts de chandelle. Alors où aller chercher ?

Que faire ?

Des événements aussi caricaturaux illustrent le défaut majeur de la politique actuelle de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement : faute d'avoir un cap politique clair et une vision décidée des grands postes que l'Etat doit cesser d'occuper, la politique du gouvernement revient à des rabotages ridicules qui ne permettent d'économiser que des montants infimes.

Il est temps pour l'UMP de se souvenir des leçons des grandes réformes du parti travailliste néo-zélandais, incarné par Roger Douglas :

« Dans le cadre d'une conférence donnée à Paris le 8 avril 2008, Sir Douglas a explicité les facteurs permettant de faire accepter les réformes les plus radicales. Il estime en particulier que ces dernières doivent être menées par grands ensembles et non petit bout par petit bout, afin d'en dégager la cohérence et que les inconvénients de certaines réformes soient compensés par les avantages des autres et que tous en profitent. Point primordial, la réforme doit être menée de façon décidée et non en cédant sur d'innombrables détails à chaque fois. La clef du succès réside dans la détermination et l'application exacte des promesses, sans mentir sur le coût immédiat de réformes initialement douloureuses et bénéfiques sur le long terme. Nier la réalité de la « rigueur » ou céder à la première protestation, c'est se discréditer et perdre tout espoir de réforme futur. Il cite ainsi l'abandon par le premier ministre David Lange du projet de flat tax à 23% : le reniement et la marche arrière firent perdre immédiatement 15 points de popularité au gouvernement qui jamais ne les récupéra. »

Aujourd'hui, dans cette même logique, il est très dangereux de restreindre la question du déficit au « train de vie de l'Etat ». Aussi excessives soient-elles, les voitures ou les logements de fonction des ministres ne sont que la face visible de l'iceberg, 750 000€ économisés avec la suppression de la garden party, contre un déficit de l'Etat de 150 000 000 000 € prévu pour 2010 (150 milliards €). La baisse de ces dépenses est hautement souhaitable, mais plus souhaitable encore est la baisse des autres dépenses, qui passe par une réduction du nombre de fonctionnaires, la fin des privilèges et la réorganisation du « modèle social français ». Et pour ce faire, il faut dès aujourd'hui décider ce qui ne doit plus être assuré par l'Etat. Commencer par cette réflexion et non par des gesticulations inutiles est le seul moyen de sortir de la crise de la dette par le haut.

Image : ambassade de France à Washington D.C.