LA PERDRIX ROUGE
Sexage et mise en place des reproducteurs
L'époque des pariades commençant dès le mois de décembre, il semble paradoxal de mettre en présence ces sujets à une date postérieure à cette période. D'ailleurs les essais de groupement et d'accouplement forcé à des périodes différentes et plus ou moins éloignées ont montré éloquemment par les résultats et en particulier sous le rapport de la bonne entente entre les sujets, que le choix de cette période n'était pas indifférent.
Ce tri des reproducteurs s'effectue en même temps que le sexage. Nous le pratiquons par l'examen de la papule génitale. Après avoir retourné le cloaque qu'on vide de son contenu en faisant pression sur l'abdomen grâce à un bon éclairage et tout en s'aidant d'une forte loupe, on met en évidence la papule génitale.
Celle‑ci chez la femelle se présente comme un infundibulum affectant la forme d'une crevasse aux lèvres renflées, alors qu'elle apparaît chez le mâle comme un plancher surélevé ou une plateforme exhaussée et hérissée de fines et courtes protubérances, tel «Ie plancher d'une rape métallique».
Avec un peu d'habitude, cette opération, délicate à son début, devient peu à peu d'une grande simplicité, bien que cette méthode comporte encore environ 5 % d'erreur.
On peut encore en cas d'incertitude, faire appel à d'autres signes. Ainsi, chez les sujets d'un an, la présence d'un ergot bien développé, quelquefois de deux superposés et distants de un demi‑centimètre environ, chez les sujets de deux ans et plus, placés à la face postéro‑interne des tarses, est, en général, l'apanage des mâles. Il ne faudra pas, cependant, se fier outre mesure à ce signe distinctif, car on pourra le rencontrer aussi chez certaines femelles plus âgées.
Divers auteurs, dont le Professeur Lucas, ont remarqué que sur le mâle, la région auriculaire comporte une touffe horizontale grise aux reflets cuivrés qui s'insère sur la bande noire en deça de sa limite externe, la dépassant très légèrement, tandis que chez la femelle, cette touffe s'avance de plus d’un centimètre dans l'angle formé par la bande noire horizontale et la portion verticale du collier noirâtre.
Nous citerons également la méthode de sexage par les plumes dite de Hubbard, méthode préconisée par divers auteurs, qui ne nous a pas paru absolument infaillible, dans le cas qui nous occupe et à laquelle il conviendrait, pour l'adapter à notre exemple, d'apporter quelques modifications.
Elle consiste à étendre l'aile et découvrir ainsi sa face interne, qui présente, sur toute son étendue, deux rangées de plumes. Sur le plan inférieur de couleur gris clair, apparaissent les rémiges secondaires couvrant la zone humérale et les rémiges dites primaires s'étendant le long de l'articulation terminale. Sur le plan supérieur, s'étalent les couvertures, d'un roux assez prononcé.
Or, dans de nombreux cas, nous avons observé que chez le mâle, les rémiges secondaires sont souvent égales, quelquefois plus courtes que les couvertures, alors qu'elles sont plus longues chez la femelle, tandis que les rémiges primaires paraissaient inchangées de part et d'autre.
Enfin, un autre caractère différentiel, qui n'est pas absolu lui aussi, résiderait dans la forme qu'affecte le collier noir limitant la zone inférieure de la gorge. Il semble que très souvent chez la femelle, ce collier affecte la forme d'une ligne parfaitement circulaire, tandis qu'il s'incurverait progressivement en pointe vers le plastron grivelé chez le mâle rouge.
L'aspect circulaire du collier de ce sujet laisserait supposer qu'il s'agit d'une femelle.
Quand on aura ainsi passé en revue tous ces divers caractères il ne sera pas inutile de se familiariser avec l'aspect morphologique de l'oiseau vu de dos, à observer le port de l'oiseau, le mâle offrant, en général, une tête plus ronde et plus volumineuse, un corps plus trapu et plus ramassé, la femelle, toujours vue de dos, une tête plus fine, plus élancée, la ligne postérieure du cou paraissant plus svelte et de section plus ovale, alors que plutôt circulaire chez le mâle.
C'est donc dès le début de décembre que nous réunirons par couple les perdrix ainsi sexées. Nous les installerons déjà dans les parquets de ponte définitifs, bien que la saison des amours ne débute qu'au mois de mars. Du reste, on peut observer que les perdrix sauvages s'accouplent dans la nature en décembre. La pratique de l’accouplement précoce évite bien des bagarres souvent très meurtrières pour les femelles.
Il y aura lieu, à ce sujet, de surveiller les couples ainsi formés durant plusieurs semaines afin de prévenir ces bagarres et pouvoir opérer à temps les changements des partenaires récalcitrants.
L'éleveur sera tenu d'observer avec beaucoup d'attention le comportement des géniteurs durant les premières semaines de la vie conjugale car il interviendra souvent trop tard pour sauver la poule répudiée, des instincts sanguinaires de son barbare partenaire.
La plupart du temps, il aura repéré de bonne heure les couples récalcitrants et changera la poule de parquet, lui fournissant un autre mâle ou, si elle a été déjà blessée, c'est‑à‑dire le plus souvent scalpée, donc inapte à l'accouplement, il l'installera jusqu'à guérison complète dans des petits parquets de réserve, véritable infirmerie de secours.
Là, ces poules demeureront dans le calme necessaire à la cicatrisation de leurs plaies que l'on désinfectera soigneusement au mercurochrome, en attendant qu'elles puissent se prêter à une nouvelle expérience.
Dès la saison des pariades, l'incompatibilité d'humeur des couples peut s'exagérer encore davantage, aussi serons‑nous bien aise d'avoir mis en réserve et séparé par sexes un contingent de secours de reproducteurs représentant 15 % environ de l'effectif total.