Ce déploiement de boubou et autres tenues folkloriques constituées de breloques, médailles sur uniforme guerrier ne passe pas inaperçu et c’est bien là le but du message ; faire savoir à nos anciennes colonies combien la France les aime et accessoirement compte sur eux pour éventuellement développer notre économie chancelante. Il s’agit en langage diplomatique de real politique ; cela consiste en particulier à savoir fermer les yeux sur les éventuelles turpitudes du passé au seul profit de la vente de quelques matériels militaires ou civils dont l’Afrique resterait friande.
Invités par Sarkozy, les chefs d’État de la Françafrique étaient donc aux premières loges : les Gnassingbé (Togo), Bongo (Gabon), Compaoré (Burkina Faso), Déby (Tchad), Sassou Nguesso (Congo Brazzaville), Biya (Cameroun).Ceux-là même, (ainsi que d’autres dictateurs et putschistes), responsables du massacre d’une partie de leur population ou, a minima, du maintien de leurs frêres dans la pauvreté. Ils sont donc venus s’assurer du soutien de l’homme à talonnette et éventuellement se garantir auprès des Lagarde, Baroin et consorts que leurs enrichissements personnels déposés dans notre pays restent bien aussi disponibles que réels (on ne sait jamais...).
Pour la France, accesoirement, les initiatives et manifestations qui marquent en 2010 le « renouveau des relations » entre notre pays et l'Afrique représentent un budget de 16 millions d’euros. En période de recherche d’économie ces efforts financiers déployés par le Quai d’Orsay et l’Elysée sont d’une naïveté déconcertante.
En effet, dans la vraie vie économique les chinois (et d’autres nations…) sont passés par là. Avec plus d’humilité et plus d’efficacité, ils offrent à ces pays, mais surtout aux peuples, du matériel moins coûteux et surtout de la logistique humaine empathique et pragmatique. Résultat le mal est fait ; le développement de ces pays s’effectue sans la France. Il suffit de passer quelques jours au Sénégal pour s’apercevoir que les Peugeot ont disparus au profit des Toyota comme la langue française disparaît au profit de l’anglais.
Il ne restera de ce défilé que l’image d’un Président français affaibli par les « affaires » encadrés des membres
essoufflés d’un gouvernement en grande déshérence par une horrible journée de pluie. Et surtout (je garde toujours le meilleur pour la fin) l’image d’un Président autocrate
(limite monarque) au milieu de ses pairs vieux dictateurs antidémocrates et de leurs cours constituées, pour l’essentiel, d’appétissantes femmes en Dior et gouteuses maîtresses en
boubous folkloriques et sacs Hermès.
La démocratie, tout comme la liberté, est fragile et cette image est là pour nous le rappeler.