Magazine
"Très cher René, Merci de ton mot. Tu es un ange comme les gars qui jouent au Parc des Princes la nuit. (...) Quand tu reviendras, on ira voir des matchs ensemble. C'est absolument merveilleux. Personne là-bas ne joue pour gagner, si ce n'est à de rares moments de nerfs, où l'on se blesse. Entre ciel et terre sur l'herbe rouge ou bleue, une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute invraisemblance. Quelle joie ! René, quelle joie ! Alors j'ai mis en chantier toute l'équipe de France, de Suède et cela commence à se mouvoir un temps soit peu, si je trouvais un local grand comme la rue Gauchet, je mettrai 200 petits tableaux en route pour que la couleur sonne comme les affiches sur la nationale au départ de Paris..."
Nicolas de Staël - Lettre à René Char (10 avril 1952 - au lendemain de France-Suède donc)
Images du haut : Bribes d'Espagne - Allemagne (7 juillet 2010)
Images du bas : Les footballeurs (série de Nicolas de Staël 1952)
Près de 60 ans après cette nuit où Nicolas de Staël connut son épiphanie plastique , le foot a bien changé mais nul doute que s'il avait vu cette finale de la Coupe du Monde (édifiante dans son opposition de style), le peintre aurait été conforté dans son appréciation.
En attendant, il suffit d'un téléviseur mal réglé pour poursuivre, sur un mode pixelisé cette série de 25 toiles tentant de capturer l'intensité des muscles et des couleurs en mouvement.
Et pour ceux qui ont vu le dernier Godard, une excellente variante de montage à voir ici