Quinze jours avant la date fatidique de la libération du contribuable — de plus en plus tardive —, le ministère français des Affaires étrangères nous apprend par voie de presse que le 25e Sommet France-Afrique a coûté environ 10 millions d’euros au contribuable-bientôt-libéré. 10 millions d’euros, c’est le chiffrage facile à retenir des dépenses qui ont permis de recevoir pendant vingt-quatre heures au tout début du mois de juin à Nice près d’une quarantaine de chefs d’Etat africains, leurs délégations mais également des entreprises.
Si l’on rapporte cette somme au coût des précédentes éditions ou d’événements comparables, alors l’on constate l’absence d’une nette inflation. 8 millions pour le 24e Sommet France-Afrique à Cannes en 2007, avec moins de participants ; 16 millions pour le sommet durant lequel l’Union pour la Méditerranée fut officiellement lancée, en 2008 à Marseille, lors duquel 43 pays avaient été invités.
La Côte-d’Azur attire donc autant les grandes dépenses que les grandes fortunes mais l’on reste bien loin des dépenses astronomiques du G20 de Toronto — près de 1 milliard de dollars. On se rapproche toutefois un peu plus des excès pécuniaires de la présidence française de l’Union européenne. Le contribuable avait alors été sollicité à hauteur de 175 millions d’euros et la Cour des comptes s’était fâchée.
10 millions d’euros, ce n’est pas rien cependant pour vingt-quatre heures de rencontres. Il est légitime de se demander, comme on peut le faire de l’Union pour la Méditerranée, à quoi servent ces sommets.
Ils sont bien utiles pour réaffirmer que « La France croit dans l’avenir de l’Afrique », voire que « Nous sommes condamnés à réussir ensemble ou à échouer ensemble » (sic). Ça, ça ne coûte rien. Mais il est difficile de se souvenir d’autre chose que des consensus un peu pâlots et des réalisations demi-falotes.
Quand on sait que la France débourse sans contrepartie — c’est-à-dire une fois les recettes rapportées aux dépenses — 38,3 milliards d’euros pour sa politique migratoire, on se pose encore plus de questions. L’Etat cumule en effet un déficit de 30,4 milliards d’euros pour l’immigration et de 7,9 milliards d’euros pour l’émigration, soit au total près de 2 points de P.I.B. (cf. la monographie rédigée pour Contribuables associés par Jean-Paul Gourévitch).
Sans faux fards, sous ses atours altruistes, l’aide au développement, promue à l’envi lors de ces sommets, n’est pas seulement destinée à développer l’efficacité économique des pays du Sud mais collatéralement de réduire les flux migratoires en provenant. De toute évidence, le résultat des dépenses engagées n’est pas à la hauteur et l’on a beau jeu d’en relayer les vertus lors de ces rencontres.
Saluons donc avec d’autant plus de force l’excellente initiative d’avoir permis à 200 entreprises françaises et africaines de participer à des ateliers lors de ce dernier Sommet France-Afrique. Donner le début d’un rôle officiel à l’entreprise privée, vrai vecteur du développement, c’est le signe d’une maturation des relations économique entre la France et les pays africains tout à fait encourageante.
Bruno Sentejoie