Il m'a dit, je ne peux pas !
Mon fils m'attend chez moi !
Il est jeune et fragile,
innocent et vulnérable.
Il ne supporterai pas mon passage à l'exil.
Il a à peine dix ans,
et moi j'en ai cent !
Je l'ai porté dans mon ventre comme un miracle.
Ma chair et mon sang.
Image fixée sur grand écran,
calquée à mon inconscient.
Comment lui faire comprendre,
qu'à mon âge, on est encore amant ?
Il lui faudra grandir.
Dans ses yeux, l'impossible...
Et moi,
j'apprendrai à grandir avec toi.
J'ai mis ma vie entre parenthèses.
Deux crochets qui m'épinglent à un mur,
pour te laisser tes ailes.
Pour lui, tout je supporterai !
Il est arrivé comme un seigneur lève son verre devant son royaume.
Il a pris la parole et je lui verse les mots.
Il me regarde comme on regarde le tout-puissant sur Terre.
Que l'on me coupe la tête,
ou la main si j'ai volé,
et tous ces sacrifices, je les mettrai à ses pieds !
Ma propre mise à mort, je l'organiserai !
Vendre mon âme, je le ferai,
pour ne pas briser les ailes que je lui ai donné,
tout je subirai,
pour que ses yeux restent secs,
au nom de ses tendres années.
Mes larmes s'en chargeront,
versant l'eau de la rivière à son immensité.
Je lui ai donné mon coeur,
qu'il arrose en me racontant sa douce romance,
d'avec la fille qui fait battre le sien.
Il l'aimera toujours, c'est évident !
Et moi, je ne peux lui dire,
que parfois... la vie reprend les coeurs tremblants.
Non... je ne peux lui dire que son père a ce coeur d'enfant...
Doux, amoureux, fébrile, fragile...
qui s'est brisé quelquefois...
C'est ainsi, même à cent ans !
Que comprend- t-on à huit ans ?
Quand un père ressent les mêmes choses qu'un enfant d'à peine dix ans.
Qui privé de voyages,
se laisse aller,
étouffant ses rêves et ses désirs envolés.
Tous mes voeux sont devenus tiens.
Oui, il te faudra du temps à toi aussi...
pour comprendre que la vie est la même quand on est grand.
Ma vie en parenthèses,
ne suffira jamais à affronter tous les chagrins,
que l'on rencontre quand on a vingt ans.
Oui, je sais...
rien ne suffit à dépasser le temps,
rien ne suffit à étouffer le temps.
On apprend la mort dans l'âme à courir après...
en espérant un jour pouvoir le rattraper...
toujours ta main dans la mienne...