Étape 10 : Chambéry-Gap, victoire de “petit Paul” (Paulinho), l’équipier modèle.
Cela avait l’air “relax” vu la moyenne, mais on a eu trois courses en une.
D’abord, une sévère bagarre pour constituer l’échappée du jour. Aucun bon de sortie n’a été accordé avant le sprint intermédiaire qui accordait 6, 4 et deux points pour le maillot à pois, sprint que se sont disputés avec acharnement Petacchi (premier), Hushovd et Mac Ewen. Curieusement, Cavendish n’a rien tenté et a laissé filer six précieux points.
Quatre costauds parviennent enfin à sortir, avec deux français - Pierre Rolland (BBox) et Maxime Bouet (AG2R) – en “chasse patate” entre le peloton et l’échappée, presque une heure avec vent de face avant de coller aux premiers. Cette position est démoralisante et surtout, épuisante. Mais le groupe de six constitué s’est bien entendu, surtout par le fait qu’il n’y avait aucun de ses membres à moins de 30 mn du maillot jaune. Passages de bosses en principe anodines, mais ravageuses après l’étape d’hier et de plus passées sous un soleil de plomb. Bien que la moyenne ait été très faible (34,5 km-h pour le vainqueur, le peloton arrivant plus de 12 minutes après lui, il y a quand même eu un gruppetto d’attardés, désireux d’économiser un maximum de force pour les bagarres à venir. Attitude à la fois infantile et arrogante d’Andy Schleck (pour une fois je suis d’accord avec Laurent Fignon) qui joue les équipiers et va deux fois chercher des bidons à l’arrière pour ses collègues. Quand on a le maillot jaune, le boulot c’est de le garder et pour ça, d’économiser un maximum de forces, de ne pas prendre de risques inutiles (remonter un peloton chargé, c’est risquer de tomber). J’aurais été Contador, avec mon mauvais caractère, j’aurais mis mon équipe “à la planche” quelques minutes pour le faire souffrir et surtout pour faire décrocher toute son équipe obligée de venir à son secours. Il serait sans doute revenu, mais en y laissant des forces substantielles. Et si d’aventure deux ou trois équipes avaient collaboré, il ne serait peut être pas revenu !
Devant, les six échappés se sont expliqués “à la loyale”. Boué, épuisé, ne pouvait plus relayer et quand ses collègues sont venus l’interpeler, il a fait un geste significatif qui signifiait : “les gars, c’est pas du bluff, je peux plus passer mais je ferai pas de crasse à l’arrivée”, qui a été compris comme tel. Rien à voir avec le comportement de l’infâme Cunego, hier (pour celui là, la route sera dure et la pente sera forte avant que je lui accorde la moindre estime !) Dès le démarrage, Boué sautait, et deux “contres” plus tard, Paulinho, l’équipier modèle qui ne gagne quasiment jamais - parce que ce n’est pas son métier qui est de faire gagner les autres - part avec Vasil Kiryienka, un Biélorusse pistard de formation (en principe, le sprint était pour lui…) Paulinho gagne à l’énergie, mais d’un quart de roue pour s’être relevé un peu tôt. La ligne eut été située trois mètres plus loin qu’il se faisait passer !
Autre course : Nicolas Roche (AG2R) sort en costaud d’un peloton léthargique à qui il reprend une minute trente, effectuant ainsi un rapproché significatif au classement général.Enfin, troisième course : sprint pour la huitième place autant disputé que si c’était pour la gagne, tellement la bagarre entre Cavendish, Hushovd, Mac Ewen et Petacchi est serrée pour le maillot jaune.
Pour un petit point et à l’issue d’un beau sprint en sommet de col, Jérôme Pineau reprend son maillot à pois à son copain Charteau (sourire et poignée de main entre les deux concurrents après cette bagarre à la loyale : beau geste comme on aime en voir).
Le vélo pour les nuls – pneus et boyaux.Les boyaux qui sont des tubes refermés sur eux-mêmes, collés sur des jantes spéciales, sont encore les plus utilisés dans le peloton, mais le quart environ des équipes a choisi des pneus “tubeless” (sans chambre). Dans un cas comme dans l’autre, la pression est énorme par rapport à celle des pneus automobiles (de 5 à 7,5 bars)
Des accidents terribles mais heureusement rarissimes se produisent quand un boyau mal collé déjante subitement. La chute est alors imparable, surtout qu’on ne s’y attend pas. C’est comme cela qu’en 2006 Beloki est tombé et s’est fracturé le col du fémur… Armstrong juste derrière ayant du, pour l’éviter, faire un fantastique périple en cyclo cross dans un pré avant de franchir un fossé en contrebas, remonter sur sa bécane et continuer la course (vidéo d’anthologie)
Les pneus seraient plus résistants que les boyaux (la crevaison, ce n’est jamais au bon moment et souvent c’est au pire moment qu’elle survient), et surtout ils se dégonfleraient moins vite quand celle-ci survient. Enfin, ils ne risquent pas de déjanter. Comme dans la formule 1, il y a maintenant des “pneus pluie” (ou boyaux), qui ont davantage d’adhérence et évitent des gamelles – mais qui de ce fait offrent moins de rendement. Le pire pour un coureur, c’est quand la météo se plante et qu’il est partie avec des boyaux “route sèche” et qu’un orage survient. Dans ces conditions, il regrette de ne pas avoir de stabilisateurs, comme sur ces vélos pour petits gamins qui apprennent à en faire. Mais “assurer” en roulant sur de la gomme tendre sur des routes sèches, ça impose un effort supplémentaire considérable.L’ancien du jour – Felice Gimondi.
Le Chat : J’ai regardé le défilé ce matin, sous les trombes d’eau ! Il avait de la gueule !
Pas de Tour cet après-midi ! J’ai rien vu. Il y avait-il quelque chose à voir ?
Les paysages certes ! Le Tour fête les 150 ans du rattachement de la Savoie à la France sur cette route de Gap, qu’on appelle quelquefois route Napoléon.