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L’exposition Les Maras ou La Vida Loca ("La Vie Folle") présente une série de 40 photographies réalisées par le reporter franco-espagnol Christian Poveda.
A travers des portraits et des scènes du quotidien, ces clichés racontent la vie des membres d'un des deux gangs juvéniles d'Amérique Centrale (les Maras), la Mara 18, qui s’entretuent consciencieusement depuis plus de 20 ans avec ceux de la MS (Mara Salvatrucha).
L'origine de ce conflit ubuesque vient de la guerre civile (100 000 morts) qui ravagea le Salvador dans les années 80 et qui poussa à l'exil des dizaines de milliers de salvadoriens aux Etats-Unis.
A Los Angeles, les clandestins se retrouvèrent vite confrontés à la loi des bandes mexicaines.
Composés en grande partie de déserteurs d'organisations para-militaires, les Salvadoriens ne tardèrent pas à s'organiser et à prendre le dessus sur les autres gangs.
Suite à une querelle amoureuse, deux des chefs s'affrontèrent et provoquèrent une scission du mouvement en deux bandes rivales telles qu'on les connaît aujourd'hui.
Lorsque les Salvadoriens furent massivement expulsés par les Etats-Unis à partir de 1992, ils importèrent le conflit dans leur pays d'origine,
Il s'en trouva démultiplié dans un pays marqué par la misère, l'abondance des armes en libre circulation, la désintégration familiale et économique d'une société fragilisée par une libéralisation incontrôlée.
Dans un documentaire éclairant, le photographe accuse le gouvernement d'entretenir le conflit par une politique exclusivement répressive et de jouer sur la peur engendrée par cette guerre civile larvée pour faciliter sa réélection.
Chaque portrait est accompagnée d’une petite note biographique, permettant de souligner les motivations communes qui ont poussé ces jeunes à rejoindre leur gang (recherche d’un cadre familial, affranchissement de toute loi sociale, attrait pour la fête…), ainsi que les trajectoires identiques qui ont suivi (mort ou prison).
Les scènes sont légendées par Christian Poveda et décryptent les rites (initiation par le tabassage, uniforme du tatouage), l’organisation et la sous-culture qui fédèrent les gangs.
Le réalisateur souligne à quel point les jeunes, dont la quasi-totalité sont orphelins de père et/ou de mère, cherchent à réintégrer via les Maras un cadre familial ou à le recréer en formant des couples avec enfants.
Bien entendu, compte tenu du fort taux de mortalité et d’emprisonnement dont ils sont victimes, ils fabriquent eux-mêmes des chaînes d’orphelins qui souffriront des mêmes carences que leurs parents, ce qui promet un bel avenir pour les effectifs des Maras.
Christian Poveda lui même a été assassiné le 2 septembre 2009 au Salvador, alors qu'il effectuait un reportage sur la Mara 18.
Cette bien jolie et édifiante exposition s’est établie dans les murs des Musées de la Cour d’Or de Metz du 04 au 28 juin 2010.
Les explications d'Alain Mingam, commissaire de l'exposition à Metz :
La bande annonce du film de Christian Poveda, La Vida Loca :