Nataku : poème "Farewell"

Par Illusionperdu @IllusionPerdu

Farewell

Je regardais ailleurs lorsque j'ai plongé mes mains dans cette obscurité. J'ai laissé s'évanouir au loin les lumières des routes froides et les néons de la ville. Des océans de lumière, entourés de papillons bleus fluorescents, loin d'ici. Je sens encore mon bras t'enlacer pendant ton sommeil, alors que la même chanson se répète, encore et encore. Est-ce que les rêves nous mentent ? L'aube viendra sans cesse percer les doux mensonges dont notre âme se berce. Chaque matin les toiles du rêve se déchirent et laissent disparaître les monstres et les merveilles. J'ai laissé derrière moi le bruit de la vie, il n'y a plus que cette chanson, encore et encore. J'étale par terre les dommages, les cris et la fumée, ces jours, ses jours, moi.

Un vieil homme tire un chariot, il passe, sans me regarder.

Des marionettes sont apparues et m'ont attrapé. J'entend l'homme au-dessus de moi rire, mes bras s'écorchent par terre et laissent une traînée de sang. Les lumières reviennent et je voudrais fuir, mais on m'a cloué au sol, les lumières se rapprochent. Tu vois, je ne crie pas ton nom. J'ai un soleil rouge pailleté d'or dans la gorge. Est-ce que tu sens les mains de l'arc-en-ciel qui transperce ta poitrine ?

Le pommier au fond du jardin chante toujours cette chanson triste pendant que j'emmêle mes mots. Lorsque les larmes me viennent, je frappe du poing la table en serrant les dents puis je ferme les yeux. Des images incertaines viennent alors se battre devant l'écran noir de mes paupières, dans les champs où j'avais jadis laissé traîner mes pensées. Lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, je retrouve les mêmes ratures, quelques fois la même angoisse.

Je t'entend hurler la nuit, épaissir les ténèbres et me rendre chaque jour un peu plus fou. Tu ne tendras plus la main vers le vide. Des libellules d'ombre s'envolent vers l'ancienne place du ciel. Je suis juste à côté de toi, tellement loin. Farewell.